L’équipe Alpine nous donne rendez-vous à 5h30 à l’Aéroport d’Orly.
Accueilli par Christophe Deville, Responsable Communication Motorsport du groupe, nous filons prendre notre billet.
À l’enregistrement, nous retrouvons dans la file d’attente quelques confrères tels que Pierre de Berlinette Mag, Alain Serpaggi missionné par Mille Miles , Loïc Depailler pour Top Gear et Laurent Chevalier de Sport Auto.
À ce moment-là, je prie pour partager la voiture avec Monsieur SERPAGGI, fort de son histoire et de son expérience cet essai en sa compagnie serait formidable. Après quelques brefs échanges avec lui, j’apprends qu’il est possesseur d’une A110 Légende, son avis sur la « S » pourrait être très instructif.
Passage du portique toujours délicat, chargés comme des sherpas avec notre appareil photo, DJI Osmo, nos deux Go Pro et l’ordinateur. Passé la fouille au corps, l’embarquement dans l’Airbus A320 ne traîne pas.
Départ 6h30, direction Lisbonne.
Durant ces 2 heures d’avion, j’en profite pour somnoler afin d’assurer la journée qui nous attend et également commencer à vous écrire ces quelques lignes.
Par conscience « professionnelle » et surtout par pur plaisir égoïste, j’ai repris en main une A110 Pure avant les essais grâce au Studio Alpine de Boulogne. Je n’avais pas touché l’A110 depuis les essais presse en décembre 2017.
Quel plaisir de retrouver la belle bleu dans sa version la plus épurée. Les qualificatifs vous les connaissez, mais même deux ans après elle réussit encore à émerveiller.
Testée dans ma région, du côté de la vallée de chevreuse, les routes sinueuses ne manquent pas. Légère, incisive, instinctive et jouissive, voici mes mots à l’instant T pour qualifier cette belle berlinette.
Une phrase me vient souvent à l’esprit, celle de Bernard Ollivier avant la révélation de la voiture: « une puissance suffisante ». Passant pour de la gentille langue de bois avant l’annonce des chiffres officiels, Bernard Ollivier disait vrai à mes yeux.
252 ch, 1080 kg pas besoin de chercher plus loin.
L’annonce de cette A110S le 13 juin dernier était plus qu’attendue chez Alpine Planet. Ce jeudi 24 octobre 2019, c’est le grand jour, nous pouvons enfin nous glisser à son volant.
Avant de vous parler de notre essai, revenons quelque peu sur les chiffres…
Les chiffres
Et cette version S ?
292 ch, 1114 kg et un couple inchangé de 320 Nm disponibles de 2000 à 6400 tr/min. Avant d’en prendre le volant, on s’interroge sur la philosophie de la voiture. Alpine ne se perdra pas dans de la radicalité, la polyvalence étant le leitmotiv du constructeur. 40 cv supplémentaires, est-ce bien utile et/ou assez significatif ?
Son comportement ?
Alpine revoit les ressorts hélicoïdaux, plus rigides de 50 % et les amortisseurs revus en conséquence. L’Alpine perd 4 millimètres de hauteur pour améliorer la stabilité à haute vitesse dixit le constructeur.
66 500 euros facturés hors options, nous cherchons encore des réponses concernant le positionnement tarifaire.
Autant de questions que nous nous posons dans l’avion avant de nous poser à Lisbonne.
Arrivé à l’aéroport de Lisbonne, les équipes d’Alpine nous réceptionnent.A trente minutes du circuit, notre Renault Trafic s’engouffre dans les flux de voitures à heure de pointe.
Les longues minutes passent et nous arrivons enfin à l’entrée du circuit d’Estoril, où le chauffeur nous dépose au niveau des stands.
Pour l’occasion, Alpine a aménagé un box afin d’accueillir sur les 3 jours les médias conviés aux essais.
Accueil et briefing
Nous entrons dans le box des stands, une salle (aux couleurs de l’A110S) permettant d’assurer la présentation de circonstance avec les différents acteurs de la marque.
Patrick Marinoff, Sébastien Erphelin, Antony Villain, Jean-Pascal Dauce et Gilles Gautherot assureront la présentation. Seul Régis Fricotté ne répond pas à l’appel, car il représente la marque au Salon de Tokyo à la même date.
Après un bref briefing de la journée nous présentant une session piste de 3 tours et de l’autre deux tracés routiers de 45 min ou 1h20 en direction de Cascai en bordure d’Océan Atlantique.
L’essai sur le circuit d’Estoril
Sans plus hésiter, nous choisissons la session piste pour voir ce qu’elle a dans le ventre.
Imaginez, seules 4 Alpine A110S (dont une réservée à Laurent Hurgon) sont engagées sur le circuit, autant vous dire que le circuit est à « nous ».
Passé le premier tour de chauffe avec le Safety Car « Renault Mégane 4 RS Cup », nous lâchons progressivement les chevaux.
Si vous n’êtes pas habitués au circuit (comme moi…), les équipes Alpine ont pris soin de baliser via des plots tout le circuit. Ce dispositif permet très rapidement de s’approprier le tracé; 2 cônes pour le point de freinage et 1 cône pour le point de corde. En 1 tour vous êtes déjà capable d’appréhender correctement le circuit.
Parlons directement du deuxième tour, passé la timidité avec l’auto…
Bien que mon dernier essai sur piste de l’A110 date de 2017, l’Alpine marque une subtile différence dès les premiers tours de roues.
La Mégane ouvreuse s’éclipse en début de la ligne droite, à peine sortie de la grande courbe, j’écrase l’accélérateur.
Le moteur, toujours aussi agréable à l’oreille est rageur mais n’impressionne pas par rapport à la version de 252 cv. La force brute supplémentaire attendue manque de corrélation avec le surplus de puissance annoncé.
Les 40 cv supplémentaires sont pratiquement imperceptibles mais le caractère y gagne. Au-delà des 5000 tr/min, la nouvelle cartographie (hausse de la pression du turbo +0,4 bar) se révèle et le 4 cylindres gagne une certaine hargne à des régimes bien étonnants pour du turbocompressé.
Effectivement, dans les faits, l’Alpine repousse le régime maximum de 6000 à 6400 tr/min.
La ligne droite se termine bientôt, je jette rapidement un coup d’oeil au compteur qui m’affiche près de 230 km/h. Les deux plots arrivant à mon niveau, j’amorce mon freinage dégressif pour m’inscrire dans le virage sur la droite.
La grande surprise est bien là, le mordant. La sensation à la pédale est identique mais on sent bien qu’entre la gomme et la piste quelque chose a changé. Les pneumatiques sont revus avec du 215/40 R18 à l’avant et 245/40 R18 à l’arrière en Michelin Pilot Sport 4. Un ingénieur d’Alpine nous explique que la gomme a été retravaillée en ce sens avec Michelin.
L’attaque est plus franche et les distances s’en trouvent réduites…
J’enchaîne le tracé ponctué d’un « S » où l’Alpine virevolte avec aisance. Les virages s’enchaînent ou nous arrivons sur une grande courbe qui ne nécessite pas de baisser l’allure.
A ce moment, tu te cramponnes au cerceau, tu suis les plots de points de cordes et… tu pries.
Rassurez-vous, seul mon manque d’expérience génère cette appréhension. Car évidemment, l’A110S passe la grande courbe à haute vitesse (près de 180 km/h).
S’en suit une enfilade de virage épingle, en S, ou raser le plot posé sur les vibreurs vous gratifiera de belles sensations de maîtrises assez incroyables.
Passé ce deuxième tour, nous commençons à comprendre la philosophie inculquée par ses géniteurs.
Gagner en efficacité en augmentant substantiellement le grip, affermir les suspensions et augmenter la taille des barre anti-roulis.
Dans le principe ça marche mais dans la pratique… Cela se vérifie également.
Le résultat est simple, sur piste la caisse est mieux maîtrisée, plus incisive sans ajouter une once de radicalité.
Elle répond tout simplement mieux sur piste, tout en conservant une agréable progressivité. Elle continue à pardonner nos erreurs, amorce des dérives douces et maîtrisables par le commun des mortels.
Mais tout cela avec un comportement plus dynamique, en diminuant l’effet de roulis.
Joueuse, elle l’est toujours mais cette fois-ci au service de la performance. L’arrière reste mobile, ce qui permet de délester rapidement l’avant si vous entrez un peu fort en virage.
A ce comportement plus dynamique, j’ajouterais la stabilité à haute vitesse. Atteindre près de 230 Km/h sur le circuit se réalise sans arrière-pensée.
Notre seul doute se porte sur l’endurance des freins, le kit Brembo est identique à l’A110. Nos 6 tours de piste ne nous permettent pas de juger de la longévité du dispositif. Mais à aucun moment nous n’avons ressenti la course de la pédale s’allonger.
De retour au stand, on prend le temps de digérer tout ce qu’il vient de se passer.
Oui, le circuit fait toujours son effet et peut altérer notre jugement durant cet essai.
Un certain Monsieur Serpaggi présent aux essais est de cet avis. Cette A110S est celle qu’il attendait, un brin plus sportive et mettant en avant son meilleur dynamisme sur piste.
En plus d’une carrière flamboyante en compétition avec Alpine, il a été pilote et metteur au point de la marque à Dieppe de 1975 à 1994. Si ce grand pilote le dit, il ne fait qu’abonder en notre sens…
Vint le retour au stand avec un tour de décélération. Un moment hors du temps qui nous permet de digérer les émotions produites par cette auto.
L’essai routier
Première crainte avec le début de notre circuit routier, le confort… Il est clair que la version « normale » prend soin de son pilote en préservant notre colonne vertébrale, vertèbres et autres…
Alpine assume et nous envoie directement sur une route sinueuse à souhait mais également bien chaotique. Nids de poules, pavés, route abîmées, tout y passe.
Le constat est sans appel, le confort s’est dégradé, mais légèrement.
Mon point de vue ne va peut-être pas plaire à la majorité des potentiels acheteurs, mais un confort dégradé au profit d’une précision accrue n’est pas rédhibitoire. Bien au contraire…
Oui les suspensions s’avèrent assez sèches, mais la remontée d’informations n’est que meilleure.
Un bonheur à mener sur route ouverte, le moindre virolo vous donne le sourire. L’agilité sur circuit se ressent moins que sur la route, car essayer d’atteindre ses limites en dehors d’un circuit devient carrément une folie.
À mi-chemin de notre excursion, nous en profitons pour poser la belle sur les cotes afin de profiter du paysage et de sa superbe peinture Gris Tonnerre Mat (facturée 4800 €) et ses magnifiques étriers orange spécifiques à la « S ».
Très proche de l’A110, elle se distingue par un intérieur noir tapissé de Dinamica même au niveau du ciel de toit. Equipée de sièges SABELT en carbone à 1800 €, du système audio Focal à 600 € ou encore le toit en carbone à 2400 € (celle que nous avions sur piste). À noter que les jantes de 18″ de notre modèle gris tonnerre mat sont de série. Les jantes Fuchs de 18″ de la version blanche testée sur piste sont facturées 1008 €.
Conclusion de notre essai
Toute la force de l’Alpine réside dans le plaisir qu’elle est capable de générer à basse et à haute vitesse. Cruiser en mode « normal » et taper du chrome en mode « track », deux façons d’utiliser l’auto tout en ayant autant de plaisir.
La polyvalence reste la grande force de cette Alpine A110S, tout en répondant à une demande de propriétaires plus exigeants sur circuit.
L’A110 et l’A110S vont coexister au catalogue, car ces deux modèles répondent à deux philosophies bien différentes.
Devez-vous vous ruer sur cette A110S ? Oui et non… Réponse de Normand.
Si vous ne destinez pas votre Alpine à la piste, l’A110S sur un usage exclusivement routier peinera à justifier son écart de tarif. Dans le cas contraire, l’A110S répond de la plus belle des manières dès lors que vous souhaitez aller chercher du chrono.
D’ailleurs il serait très intéressant de comparer de manière très concrète sur piste le gain obtenu face à la version 252 cv.
Niveau exclusivité face au modèle normal, nous aurions aimé un peu plus d’agressivité, tel un becquet carbone type CUP par exemple. Il est clair et les ingénieurs nous l’ont souligné lors de notre essai, l’appui à haute vitesse ne nécessite toujours pas d’appendices supplémentaires.
Nous ne pouvons que féliciter le travail d’Alpine effectué sur cette version S qui réussit le tour de force de conserver les qualités du modèle original tout en répondant à une philosophie plus Sport.
Passé la déception de son manque d’exclusivité niveau équipements, nous pouvons que valider cette nouvelle version au catalogue.
Et notre configuration préférée va à la version gris tonnerre mat et ses jantes noires qui lui vont à ravir…
Alpine A110S | |
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Moteur | |
Nombre de cylindres | 4 |
Nombre de soupapes par cylindre Cylindrée | 4 |
Puissance moteur maximale Couple maximal | 292 ch (215 kW) à 6 400 tr/min |
Couple maximal | 320 Nm de 2000 à 6400 tr/min |
Carburant | Essence |
Transmission | |
Type de transmission | Propulsion |
Boîte de vitesses automatique | 7 rapports, double embrayage |
Châssis | |
Châssis | Structure aluminium (96 %) |
Essieux avant/arrière | Suspension à double triangulation |
Type de carrosserie | Coupé à moteur central arrière |
Diamètre de braquage entre trottoirs /murs | 11,64 m/11,74 m |
Freins | Étriers de freins en aluminium avec frein de parking intégré |
Diamètre des disques de freins AV | 320 mm |
Diamètre des disques de freins AR | 320 mm |
Pneumatiques AV | 215/40 R18 |
Pneumatiques AR | 245/40 R18 |
Poids | |
Masse min à vide en ordre de marche | 1114 kg |
Masse maxi autorisée en charge | 1365 kg |
Performances | |
Vitesse maximale | 260 km/h |
0-100 km/h | 4,4 s |
0-400 mètres | 12,6 s |
0-1 000 mètres | 22,8 s |
Consommation / Émissions | |
CO2 (NEDC BT) | 146 g/km |
Cycle urbain | 8,8 |
Cycle extra-urbain | 5,2 |
Cycle mixte | 6,5 |