Dans les années 80, en plein développement dans sa prochaine GT – la GTA– Renault et Alpine, visent clairement les allemands, Porsche en tête. Pour ce faire, le groupe français réfléchit à un coup marketing qui fédère à coup sûr la clientèle autour d’un projet automobile fort. Dès le départ, la conception de la GTA « civile », va s’ajouter le projet de transformer la sage GT en véhicule de compétition : GTA Europa Cup était née.
Un peu d’histoire…
Le nouveau bébé de Dieppe représente de gros espoirs pour le groupe Renault en grande difficulté financière durant la décennie, pendant que tout le monde se déhanchait sur Like A Virgin de Madonna, Renault veut jouer au trouble-fête sur le chemin des allemands, la nouvelle Alpine GTA V6 Turbo, monte en gamme et veut prétendre à jouer sur les plates-bandes des GT allemandes ou encore des italiennes…
Naissance de la compétition et de l’Europa Cup
Il faut préciser que depuis 1978, Alpine ne brille guère en compétition, pour remettre le feu dans le cœur des puristes et des passionnés de la marque et pour promouvoir la nouvelle GTA, Renault Alpine va chercher un moyen de promouvoir la GT et c’est finalement une course automobile qui sera développé en même temps que la voiture. Renault prévoit une formule monotype pour les ouvertures des Grands Prix de Formule 1, un bon moyen pour la firme de taquiné Porsche et consorts sur leur terrain de jeu : la compétition.
La course composée exclusivement d’Alpine GTA V6 Turbo en configurations course. Pour réduire les coûts Renault et Alpine limite les transformations en gardant une grande majorité des pièces de série. Durant 4 ans, Renault Alpine Europa Cup va concourir sur les plus beaux circuits de Formule 1.
Esthétiquement une GTA V6 Turbo en jogging
Présenté en octobre 1984, la GTA Europa Cup va officiellement débuter le 5 mai 1985 à Imola, en Italie. A première vues, la GTA Europa Cup se distingues très peu de la version de série, ce sont dans les détails que l’auto va évoluer, on pourrait clairement parler d’une Alpine en jogging : les modifications les plus visibles sont les jantes spécifiques en aluminium en trois parties Gotti, avec des ailettes inversées afin d’améliorer le refroidissement des disques, ces derniers sont spécifique à la voiture puisqu’ils se doivent d’être performants et des suspensions spécifiques sont de la partie. Le berceau moteur a été renforcé, tout comme l’embrayage. Les vitres latérales arrière reçoivent l’inscription « Europa Cup » au lieu de « V6 Turbo ». Dans l’habitacle, c’est le Statut Quo, aucuns changements n’est à noter si ce n’est qu’un arceau de sécurité et quelques kilos en moins. Sous le capot c’est le V6 PRV 2.5l de la GTA V6 Turbo de série qui officie avec 180 chevaux. Les fréquents problèmes de gestion électronique vont pousser les préparateurs à se préoccuper de cette partie. Ainsi des modifications seront apportées dès la deuxième saison. Les puissances augmenteront de manière croissante, de 220 ch à 280 ch à la fin de la formule monotype en 1988.
Les évolutions les plus importantes par rapport au modèle « V6 Turbo » de série étaient réalisées par les préparateurs de l’époque. Pour les plus connus, il y avait « Patrick Legeay », « Schrick » et « Ponsot ». Chaque voiture était retransformée à l’arrivée en atelier afin de supprimer tous les éléments superflus du modèle de série, la charte de la compétition étant plutôt libre, les préparateurs vont pouvoir se faire plaisir. Un modèle de course qui devenait vite onéreux sachant qu’à l’achat, il fallait débourser 223.000 francs (environ 34 000€) pour le véhicule et son package Europa Cup (plus d’autres frais lié à la participation à une saison complète en « Europa Cup »).
Et quand on ouvre le capot…
… On retrouve le V6 PRV avec une transmission reprise à l’exception du montage de quatre satellites dans le différentiel au lieu de deux pour la série. La commande de boîte est rigidifiée par une rotule Unibal qui est montée à la place d’un silentbloc caoutchouc. L’embrayage sera renforcé afin de supporter le surcroît de puissance.
Avec toutes ces modifications sans changer aucunes autres pièces internes, le V6 PRV devient véritablement caractériel et sa plage d’utilisation est très réduite. C’est simple, avant 4500 tr/mn il ne se passe pas grand-chose. Passé ce régime, la poussée devient violente et il vaut mieux se cramponner au volant. Si le moteur reste pratiquement inchangé, le refroidissement a été revu dramatiquement. Le radiateur est redimensionné en conséquence et il est composé de cuivre. Les gaz d’échappements seront expulsés plus rapidement grâce au nouvel échappement Racing « Devil » de plus gros diamètre. Les pneumatiques ne sont pas en reste avec des dimensions plus généreuses en Michelin AV 195/50 – 15 et AR 25/45 – 15.
Du côté du châssis, les améliorations seront les plus importantes, plus adaptée à son usage sur circuit. La caisse est renforcée sur les fixations de palier de barre antiroulis avant et arrière. L’Alpine GTA V6 Turbo Europa Cup sera rabaissée à l’aide de ressorts courts complétés par des amortisseurs « De Carbon » réglables. Les barres antiroulis auront un diamètre plus important. Les 4 disques ventilés passeront de Ø 259 mm à Ø 280 mm et avec un répartiteur de freinage réglable de l’habitacle. La direction est légèrement retouchée pour réduire le diamètre de braquage. Une direction plus directe avec une butée à 2 tours au lieu de 3.
Sur la piste !
Toutefois, la mise en production des Europa Cup tarde à venir, si bien que la production des exemplaires se fait à la hâte pour fournir 21 pilotes sur les 25 qui s’étaient inscrits à cette compétition. Cette première saison voit 11 épreuves se disputer, sur la dernière, 28 pilotes sont au départ, preuve que cette formule monotype a su conquérir de nouveaux pilotes.
L’Alpine GTA V6 Turbo Europa Cup est une voiture sans compromis destinée aux pilotes chevronnés. Elle sera fabriquée de 1985 à 1987 à 69 exemplaires et on estime que seulement 7 resteront en version « civile » avec carte grise et immatriculation. L’intégralité des GTA Cup seront fabriquées à Dieppe !
L’Alpine GTA V6 Turbo Europa Cup fait partie de l’histoire d’Alpine en compétition, bien que sa diffusion fût plus que confidentielle. Un modèle qui possède une belle histoire et qui mérite que l’on s’y intéresse. Si jamais votre chemin croise une GTA Europa Cup pourquoi ne pas craquez ? Surtout si elle fait partie des 7 chanceuses à être immatriculé ! D’ailleurs Alpine n’a pas signé avec Signatech une forme de renaissance de cette prestigieuse compétition (Vincent vous en parlait ici il y a quelques semaines), la compétition ô combien importante de l’ADN Alpine ?