Alpine est une marque magique selon Jean-Dominique Senard, PDG du Groupe Renault.
De ses mots, Alpine doit montrer sa force. La voiture dispose d’un capital sympathie exceptionnel.
Après un lancement exceptionnel, salué par la presse internationale. Le succès de la marque semble être un succès particulièrement franco-français. La marque entre maintenant dans une période plus difficile, car elle doit évoluer pour toucher de nouveaux marchés étrangers où la marque est moins connue.
Les enjeux de la marque Alpine
Faire grandir Alpine revient en quelque sorte à un marathon, tenir dans la durée sans épuiser toutes ses forces dès les premières foulées. De nombreux propriétaires d’Alpine aujourd’hui sont animés par une passion pour l’automobile. Mais il reste encore difficile pour la marque de toucher un acheteur plus pragmatique, à la recherche d’un blason (qui a dit Porsche) et d’une image de marque.
Le succès d’Alpine en sport automobile à l’échelle internationale reste indéniable, mais il en est tout autre au niveau de l’image de constructeur lui-même et c’est sur cet aspect-là qu’Alpine doit/va se construire. En soi, Alpine est un jeune constructeur. Malgré sa présence dans un groupe automobile majeur, Alpine, n’en reste pas moins qu’un constructeur avec un budget adapté à sa taille.
La production de l’A110 nouvelle génération a été confiée à une usine animée de passionnés et dont la savoir faire a été minutieusement préparé pendant 2 ans. Avec une production orientée premium, l’usine de Dieppe a développé un savoir-faire unique. On peut citer le travail sur l’aluminium avec l’emboutissage-collage ou encore le travail effectué pour produire des véhicules irréprochables sur la finition.
L’usine de Dieppe dispose également d’un savoir-faire sur la peinture. Pourquoi croyez-vous qu’Alpine lance un Atelier Couleur dans cette usine ?
Après le lancement réussi des Alpine Première Édition, Pure et Légende suivi plus récemment de la déclinaison sportive A110S, la cadence de production s’est stabilisée à 7 véhicules par jour. La capacité de production avait été augmentée en faisant appel à de nombreux salariés intérimaires. En soi, cette production n’est pas ridicule et correspond aux réalités du marché de la petite sportive.
Depuis de départ de Carlos Ghosn et les épisodes rocambolesques du Groupe, la marque Alpine méritait de retrouver “un sponsor” en interne. Entité à part entière, petite par ses effectifs mais grande par son talent, Alpine va peut-être avoir les moyens de ses ambitions…
Luca de Meo, le nouveau Directeur Général du Groupe Renault
Très attendu après des semaines de rumeurs, Luca de Meo arrive finalement le 1er juillet aux commandes du Groupe en tant que Directeur Général. Il devient ainsi le Directeur Général des marques Renault, Alpine, Dacia, Renault Samsung Motors et Lada.
La réputation et le savoir-faire de Luca de Meo n’est plus à faire et le Groupe l’attend avec une certaine fébrilité. Son pédigrée a de quoi donner de grands espoirs. Ayant quitté ses fonctions de PDG de Seat, on lui devra la naissance de la marque Cupra, passant d’un statut de versions sportives des modèles produits à une marque à part entière.
Avant sa belle aventure ibérique, il fût également lors de son passage chez Fiat, à l’initiative de la renaissance d’Abarth.
Année charnière pour le Groupe Renault, Luca de Meo s’attaque au plan de restructuration qui doit réaliser près de 2 milliards d’euros d’économies et malheureusement engager des suppressions d’emplois (près de 15.000 dans le monde) dont 4.600 en France.
Après sa prise de fonction en début de mois de juillet, Luca de Meo commence peu à peu à dessiner son plan de relance. Le 30 juillet 2020, il évoque pour la première fois la marque Alpine:
Alpine est et pourrait rester une marque de niche
Luca de Meo
Une phrase qui considère le statut particulier d’Alpine dans le Groupe mais qui vous le verrez plus tard n’est pas si éloigné de sa stratégie Groupe à long terme.
Plus d’un mois va s’écouler où les déclarations vont aller bon train pour la marque Renault contraste avec un silence plutôt inquiétant pour le compte d’Alpine.
Seule la rumeur (fondée) d’un SUV Alpine électrique plane et divise les passionnés. Nous vous le confirmons qu’il s’agit bien d’un modèle à l’étude, que les équipementiers ont repris depuis quelques semaines leurs études.
A ce jour pas d’articles de grand spectacle à son propos car les informations restent bien floues et ne justifient en rien un écrit qui tiendrait en un seul paragraphe.
Revenons à Luca de Meo qui hier (le 2 septembre 2020) s’est confié au magazine du Point et a dévoilé plus précisément son plan.
Alpine revient au coeur de la stratégie à forte valeur ajoutée
Interviewé par le magazine le Point, Luca de Meo a développé pour la première fois son grand plan de restructuration qui sera officiellement dévoilé dans son intégralité en janvier 2021.
Les premiers jalons semblent être une évidence, mais son pragmatisme prend tout son sens. Luca de Meo est attaché à la valeur et à la qualité plus qu’aux volumes.
Sa stratégie consiste à consolider l’existant, , maximiser la marge opérationnelle et proposer des produits de plus grande qualité.
« On va changer toute l’organisation pour passer d’une politique de volumes à celle de la valeur. Ce sont les marges qui permettent d’investir et de se développer »
Luca de Meo décide ainsi de réorganiser les marques du Groupe:
« J’ai décidé d’organiser le groupe Renault autour de quatre marques et non plus par zones géographiques. Il y aura la marque Renault, que je gérerai en direct, mais aussi Alpine, Dacia, et une marque inédite en charge des nouvelles mobilités. Il y aura un patron par marque. Cela va nous permettre d’être plus focalisé sur le client »
Et dédit un message particulier à Alpine:
« La marque Alpine a une identité très spécifique de niche, très sportive, très française. Nous ne resterons pas forcément dans le registre seulement rétro et classique de l’Alpine A110 ».
Le message est plutôt clair, le développement de la marque va passer par une diversification produit. Il est à ce jour inconcevable que la marque survive avec un seul coupé malgré ses qualités intrinsèques.
Il évoque aussi le design de l’A110 reposant sur un habile dessin néo-rétro assumant sa filiation avec son ancêtre la Berlinette. A l’avenir, les futurs produits pourraient leurs envols et avoir une personnalité plus singulière.
Un futur rapprochement entre Renault F1 Team et Alpine ?
Derrière ce chapitre aguicheur se cache une certaine réalité. En effet, Cyril Abiteboul, actuel Directeur général du Renault F1 Team va travailler sur la BU (Business Unit) Alpine. Un groupe de travail avec les équipes d’Alpine pour façonner son avenir avec les nouvelles aspirations et directions stratégiques de Luca de Meo.
Nous voyons cette nouvelle plutôt d’un bon oeil, l’entité la plus “racing” du Groupe pourrait apporter sa très grande expertise pour structurer et apporter sa forte expertise. Comble de la situation, n’oublions pas qu’Alpine fût à l’initiative de Renault en F1 avec l’A500 !
Luca de Meo croit en Alpine, en son potentiel qui ne demande qu’à être exploité. De manière générale, le nouveau DG à la fibre sportive et n’est pas près de stopper ce type d’activités chez le Groupe Renault.
Premier acte concret, la signature de l’Accord Concorde en F1 qui engage Renault F1 Team sur 5 années supplémentaires dans la discipline (2025).
Il est même certain que Luca de Meo est bien plus enthousiaste à l’idée de développer la marque Dieppoise que le fut Carlos Ghosn…
Reste la question de l’avenir de l’usine de Dieppe, qui à ce jour n’a pas été mentionnée. Attendons les prochaines annonces, Rome ne s’est pas fait en un jour…
Article co-écrit avec Vincent Fleurette
