Non, nous ne rechangeons pas de nom. Mais alors que beaucoup parlent d’Alpine comme d’un phénomène Franco-français je vous propose de faire un tour de la planète Alpine.
Pas de problème de virus, pas besoin de passeport: allez on embarque !
Les Normands sont les descendants des Vikings, peuple qui a exploré le monde. Les Alpine sont normandes. Ai-je besoin d’en dire plus?
Quand j’ai crée le registre A310 en 2012, je ne m’attendais pas à trouver autant d’Alpine hors d’Europe. Je savais que l’Allemagne était un pays qui comptait beaucoup dans le volume pour la gamme originale.
Mais c’est aux premiers enregistrements outre-Atlantique et venant de l’autre côté de la terre que j’ai pris conscience de l’aura d’Alpine à travers le monde.
essais non transformés
Dès le départ, Jean Rédélé a compris que l’international était nécessaire au développement d’une marque automobile. C’est ainsi que les balbutiements d’Alpine se sont fait aux États-Unis. L’essai ne fut pas transformé mais le principe de l’export ou du partenariat international était ancré.
L’A106 est lancée dans la foulée. Et du côté de Liège, on entendit parler de cette petite voiture raisonnablement chère. C’est ainsi qu’une poignée d’A106 furent produites (environ une centaine d’exemplaires). Là encore c’est un échec mais le normand est persévérant.
La Normandie à la conquête du monde
L’A108 a une structure différente. Son châssis mécano-soudé facilite grandement l’industrialisation. Jean Rédélé se tourne vers les pays où Renault est implanté. Les futurs partenaires auront plus de facilité à se fournir en pièces.
Cependant il y a un os : dans les pays où le groupe Rootes est implanté le nom Alpine ne peut être utilisé. La marque Sunbeam l’a déposé pour un de ses roadster.
Roger Prieur, responsable de la section carrosserie d’Alpine mène les relations techniques avec les premiers bénéficiaires de la licence. Cette licence était octroyé par Alpine Engineering basé à Genève. La société RDL fournissant l’outillage. C’est ainsi que FASA et Willys peuvent assembler leurs premières Alpine.
brésil (Willys)
Willys dépasse rapidement les cadences de Dieppe. En 1962 une Interlagos sera présentée au salon de Paris. En 1966, Willys est racheté par Ford s’en est fini des petites Willys à moteur Renault.
Espagne (FASA)
Juste après le Brésil, Alpine se rapproche de FASA qui construit déjà la Dauphine sous licence. Ainsi moins d’un an plus tard, les premières A108 sortent de l’usine. En 1965 alors que Renault devient majoritaire chez FASA, la pertinence du marché espagnol pour Alpine se pose.
Mais finalement le modèle A110 préserve la présence d’une sportive ibérique. De plus la nouvelle usine de Dieppe n’est pas encore sortie de terre et l’usine espagnole bénéficie d’un outillage neuf.
En 1967, la FASA fournit 50 caisses peintes à la maison mère. Des problèmes administratifs (côté espagnol je précise, je vous vois venir…), de manutention, de polymérisation non terminé et de non maitrise des techniques de peintures métallisées mettront fin à ces livraisons.
Cependant il fut envisagé de faire produire la V85 intégralement par FASA. En 1972, la R8 tire sa révérence. Problème, c’est la donneuse d’organe de l’A110, en Espagne la production continue. La FASA devient alors le fournisseur des pièces spécifiques et ainsi la production peut continuer en France.
En 1977 c’est au tour de l’A110 de quitter les chaines de production françaises. En Espagne, on assemble toujours l’A110 en servant des pièces de la Renault 5 Alpine; son 1440 fera le bonheur des pilotes.
L’homologation ne se fera jamais en France. 1904 Alpine auront quitté les chaines de Valladolid. L’outillage lui est retourné rue Pasteur à Dieppe.
Le 1400 de 5 alpine dans une A110 de manière légale. Une FASA de course usine. Une A110 de 1978
Mexique (DINA)
Après le Brésil en 1961, l’Espagne en 1962, Alpine s’attaque au Mexique en 1963. L’A110 est sur le marché c’est donc sur toute la gamme que DINA que le contrat porte. Jusque là, Diesel Nacional produisait des bus et des Fiat. Le rapprochement avec Renault l’année précédente a rendu cette rencontre possible.
Dinalpin devient la première marque 100% mexicaine. Les caisses étaient produites sur place par un industriel spécialisé dans la fabrication de coques polyester de bateaux.
Le principal écueil fut le démarrage de la production, les outils nécessitaient une mise au point, ils n’avaient pas eu le temps d’être réglé à Dieppe. Le 956cm3 est vraiment à la peine du fait de l’altitude, seules 12 voitures en seront équipée avant l’arrivée du 1108cm3 avec de bons réglages de carburation, les sensations arrivent. Le 1300 de la V85 n’est monté qu’une année, la production ne survit pas à la mort de la R8 en 72.
700 exemplaires ont été produit…
Bulgarie (Bulet)
En 1965, la Bulgarie est de l’autre coté du rideau de fer. Le marché est fermé aux productions occidentales. Autant dire qu’Alpine n’est pas connu.
Cependant Renault est implanté et produit des R8 dans l’usine de Plovdiv depuis 1963. Se sera la porte d’entrée du COMECOM (Le Conseil d’assistance économique mutuelle ou Conseil d’aide économique mutuelle désigné par l’acronyme anglais Comecon) qui était une organisation d’entraide économique entre différents pays communistes.
La rumeur veut que les dirigeants Bulgares de l’époque avaient pour ambition d’acquérir la technologie d’Alpine dans la maitrise du polyester afin de développer leur propre voiture.
A l’instar de Trabant et de son Duroplast, il fallait trouver un moyen de combler la carence en acier tout en s’épargnant un coûteux espionnage industriel. Toujours est-il qu’un accord est signé.
Les débuts sont difficiles, entre les problèmes évidents de langue et les pinceaux qui polymérisent dans les pots ou encore le manque flagrant d’outils. Ainsi, quelques dizaines d’unités sont produites, bien loin de l’objectif de 200 exemplaires.
Le seul objectif atteint fut la création d’une équipe de rallye Bulgare avec des modèles compétitions assemblés à Dieppe.
Au total se sont près de 4000 Alpine qui furent construites en dehors des usine de Dieppe ou de Thiron-Gardais. Loin d’être un échec quand on met en parallèle les 7176 exemplaires Français. D’autres lieux d’implantation ont été envisagés tel que le Japon l’Afrique du Sud ou la Colombie et même l’Allemagne.
Et aujourd’hui?
Aujourd’hui il n’y a pas un continent où l’on ne trouve pas une Alpine (celui qui me parle de l’Antarctique je l’envoie vérifier là-bas).
Car les lieux de productions ne sont pas les lieux de vente, bien sûr me direz vous l’exportation a toujours existé. Certaines exportations se font loin des circuits officiels et du réseau Renault.
C’est ainsi que des modèles ont atterri au Japon à Hong Kong ou à Singapour via des importateurs indépendants, certains étant même concessionnaire Alpine (Singapour notamment). De plus à partir de la GTA, des versions à conduite à droite sont produites, (un seul exemplaire d’A110 avait reçu un volant à droite et fut envoyé en Afrique du Sud afin de préparer l’implantation mais sans succès).
Une grande partie de la diaspora Alpiniste se trouve au Japon et quelques-uns des plus beaux exemplaires sont là-bas. Sans compter les Jouets Tomica, les jeux-vidéos (on en reparlera) et le manga Evangelion, les Japonais ont vraiment un amour certains pour Alpine.
Un des rassemblements Japonais. Un M64 au mains d’un grand amateur d’Alpine Japonais. a ma connaissance le seul jeu avec une A610. Tomica Tomica Neko Works Evangelion
De même aux États-Unis où officiellement aucune n’a été importé, on en trouve. Les premières sont arrivés à Sebring pour une course et ont été laissées sur place. On ne reviendra pas sur le projet GTA USA. Mais malgré cela, beaucoup de collectionneurs motivés ont fait traverser l’océan des A310 et des GTA.
Ok celle là est restée ici
D’autres roulent en Afrique du Sud ou au Zimbabwe.
Certaines sont arrivées bien plus loin que les vikings n’auraient pu l’imaginer. En Australie et en Nouvelle Zélande que ce soit les anciennes ou les nouvelles, Alpine est présente.
Une All-Blue chez les All-Black Australie, c’est le jeu ma pauvre Lucette.
La communauté des Alpinistes est internationale, les demandes pour une importation officielle affluent de partout, pour une marque de cette taille qui certes a gagné sur tous les terrains c’est assez remarquable. Cocorico bordel !
Donc vous disiez, Franco-Français c’est ça?