L’ACO et l’IMSA viennent d’annoncer un accord historique pour le monde de l’endurance : une nouvelle catégorie reine nommée LMDh.
Les prototypes LMDh seront capables de participer aux deux championnats : le FIA WEC et l’IMSA WeatherTech Sportscar Championship. Cette mesure sera appliquée dès septembre 2021 en WEC et en janvier 2022 pour l’IMSA.
Il sera ainsi possible avec cette même voiture de participer aux 24 Heures du Mans, les Rolex 24 At Daytona, le SuperSebring, courir à Spa-Francorchamps, au Motul Petit Le Mans ou encore à Silverstone par exemple.
Il n’est pas question pour ces deux championnats de fusionner, mais plutôt d’étendre le champ d’action des écuries pour s’exporter vers d’autres championnats encore inconnus.
Pour donner naissance à cette nouvelle catégorie LMDh, l’ACO et l’IMSA ont pioché dans les deux règlements type Le Mans Hypercar et Dpi 2.0.
L’association de ces deux mondes donnera naissance ainsi à une plateforme commune.
Les éléments communs seront les suivants :
• Un nouveau châssis commun, avec une base technique partagée entre l’Hypercar et la LMP2.
• 4 constructeurs engagés : Dallara, Ligier, Multimatic et Oreca.
• Châssis commun LMP2
• Hybridation légère avec un système de type KERS au train arrière
• Une silhouette modifiable en fonction du constructeur engagé
Des informations techniques plus précises seront dévoilées courant mars 2020 à l’occasion du Super Sebring, avec en même temps la présentation du staff technique regroupant celles de l’ACO et l’IMSA.
Et enfin, pour assurer le bon équilibre entre la catégorie LMDh et Le Mans Hypercar, une B.o.P (Balance of Performance) sera appliquée.
Pierre Fillon, Président de l’ACO :
Cette annonce aujourd’hui est le point de départ, essentiel, d’une Endurance commune, portée par l’ACO et l’IMSA. Cette plateforme témoigne de la convergence atteinte par nos deux entités. C’est une formidable réussite pour l’Endurance. Un constructeur pourra bientôt s’engager dans la catégorie reine des deux championnats, FIA WEC et WeatherTech Championship. Cette vision sportive et marketing à long terme, c’est assez rare pour être souligné, offrira de nombreuses opportunités.
Jim France, Président IMSA :
Lorsque mon père Bill France a organisé la première course d’Endurance Daytona Continental ici, à l’International Daytona Speedway, en 1962, il voulait déjà réunir les pilotes, les équipes et les constructeurs du monde entier. Portée par l’ACO et IMSA, avec le soutien des constructeurs, l’annonce de ce jour symbolise fièrement avec continuité la vision de mon père.
Gérard Neveu, Directeur Général du WEC :
Le grand vainqueur aujourd’hui est l’Endurance puisqu’une nouvelle opportunité est désormais offerte aux concurrents de courir au plus haut niveau de compétition, de part et d’autre de l’Atlantique, avec la même voiture. Les deux entités, ACO et IMSA, peuvent être félicitées pour leur vision et leur esprit d’équipe. Voir Le Mans Hypercars et LMDh s’aligner ensemble au Mans, ou à Daytona sera une perspective incroyablement excitante pour tous les fans de l’Endurance à travers le monde.
John Doonan, Directeur Général IMSA:
A l’entame de la 51e saison de l’IMSA, les passionnés de courses d’endurance peuvent considérer ce jour comme l’un des plus marquants pour l’IMSA, l’ACO et l’Endurance. Proposer une plateforme commune pour disposer d’une catégorie reine évoluant au niveau international a toujours été un but pour nos entités, nos constructeurs et surtout le plus important, pour tous les fans d’endurance dans le monde,
qui plus est sur du long terme. Aussi nous sommes fiers d’annoncer aujourd’hui que cela est désormais possible. Nous sommes très reconnaissants de la collaboration menée avec nos partenaires ACO et du dialogue très ouvert avec les constructeurs qui nous ont permis aujourd’hui de présenter cette plateforme LMDh.
ORECA entre en piste, le LMDh au profit de l’Hypercar
L’écurie française privée n’a pas tardé à répondre à cette nouvelle annonce en montrant son grand intérêt pour la nouvelle catégorie LMDh. Actuellement, ORECA fabrique les prototypes en catégorie LMP2 et en LMP1 privé.
Pour rappel, l’Alpine A470 engagée en LMP2 est construite sur un châssis ORECA avec un moteur Gibson, imposé par le règlement FIA WEC.
Hugues de Chaunac, l’actuel PDG et David Floury, directeur technique, n’ont pas manqué d’annoncer favorablement l’engagement en LMDh.
Hugues de Chaunac :
« L’annonce de cette plateforme globale est évidemment une excellente nouvelle pour l’endurance. Il s’agit d’un moment historique et nous félicitons l’ACO et l’IMSA pour une telle initiative. Cela ouvre des perspectives passionnantes, tant pour les marques, les constructeurs, les teams et les pilotes, mais également les fans. C’est également valable pour les acteurs du LMP2, intégrés dans ce qui est une véritable vision stratégique qui s’inscrit dans la durée et qui réunit les aspects sportifs, techniques et économiques. Tout le monde a hâte de commencer à travailler. Ce n’est que le début d’une aventure dont nous avions rêvé et qui est aujourd’hui réalité. »
David Floury :
Bravo aux équipes de l’ACO et de l’IMSA pour la mise en place de cette plateforme globale qui est synonyme d’un instant rare dans l’histoire de notre discipline : une même voiture aura la possibilité de se battre pour la victoire aux 24 Heures du Mans (WEC), aux 24 Heures de Daytona et aux 12 Heures de Sebring (IMSA WeatherTech SportsCar Championship) ! L’ensemble est passionnant : au niveau sportif avec le champ des possibles qu’offrent les nombreuses courses et championnats, d’un point de vue technique avec l’intégration de l’hybride, sur le plan financier avec la réduction des coûts, et au niveau de l’image même à travers le look de ces voitures. Nous activons dès aujourd’hui le mode projet avec la volonté de capitaliser sur l’expérience d’ORECA en LMP1, LMP2 et LMDh.
Porsche répond favorablement au LMDh
Une annonce aussi forte au cœur de l’endurance ne pouvait que générer des réactions positives dans le milieu du sport automobile.
C’est ainsi que Porsche, en tant que constructeur automobile qui a répondu le premier à cet accord inter-championnat.
Michael Steiner, membre du Conseil d’Administration de Porsche AG, confirme la bonne décision de l’ACO et l’IMSA en officialisant une piste sérieuse pour le retour de la marque en endurance.
Michael Steiner :
« Nous apprécions grandement l’idée d’avoir une classe prototype commune en IMSA et en Championnat du monde d’Endurance de la FIA, souligne M. Steiner. Cette coopération nouvelle est un moment historique pour notre sport. Actuellement, nous n’avons ni détails ni règlements, il est donc trop tôt pour juger de l’intérêt qu’aurait pour nous un engagement dans cette nouvelle catégorie LMDh. Mais le fait qu’un constructeur puisse courir avec la même voiture en IMSA WeatherTech Sportscar Championship ainsi qu’en Championnat du monde d’Endurance de la FIA et donc qu’il puisse jouer la victoire au général dans les deux championnats d’Endurance majeurs de la planète, est une excellente idée. J’ai demandé à mes collègues du département motorsport de se pencher sur les détails de cette nouvelle plateforme. Je tiens à féliciter l’IMSA et le WEC pour cette décision. »
Un duel entre Alpine et Porsche, le scénario rêvé
Le LMDh ouvre de nouvelles portes pour tous les constructeurs désireux de revenir en endurance dans une catégorie où les coûts sont maîtrisés et offrant une belle visibilité aux marques engagées.
Avec le retrait de Porsche et Audi en LMP1, la catégorie reine du WEC avait perdu tout intérêt avec des batailles entre Toyota et le reste du monde. Avec ce règlement, le scénario va probablement se répéter avec le duo Aston Martin/Toyota risque d’être bien seuls en Hypercar.
Nous avions évoqué l’arrivée de l’Hypercar avec de possibles pistes de réflexion pour de nombreux constructeurs dont Signatech-Alpine. Mais il est clair que la catégorie demandait encore des moyens bien trop importants pour des constructeurs automobiles, frileux d’investir dans de nouvelles plateformes coûteuses dérivées de modèles de série.
A nos yeux, le LMDh est une formidable plateforme permettant à Signatech Alpine de sauter le pas vers la catégorie reine. Le gain en visibilité n’est pas négligeable pour la marque. Avec des courses menées à Sebring ou Daytona par exemple, Alpine pourrait marquer de gros points et peut-être générer un intérêt pour l’A110 aux US. À ce jour, beaucoup de nos lecteurs américains regrettent l’absence de la marque et ne comprennent pas pourquoi ce produit ne franchit pas l’Atlantique.
Il est important de noter que la catégorie LMP2 actuelle n’autorise pas les constructeurs automobiles. En effet, Signatech-Alpine a obtenu une dérogation afin de se maintenir en P2 pour une question de coût. Pour Alpine c’est un vecteur d’image à l’international et pour l’ACO c’est un moyen de maintenir l’intérêt des petits constructeurs pour sa discipline. Cette dérogation ne peut durer éternellement et le LMDh semble être une excellente alternative.
Il est fort à parier qu’Alpine va étudier cette nouvelle annonce de très près et qu’à ce jour elle n’a annoncé son engagement en WEC que jusqu’à 2020.
A quand un duel entre Alpine et Porsche en LMDh ?
Sources: Autohebdo, Endurance-Info et CP Presse ACO