35 CHATIN Paul-Loup (fra), HABSBURG Ferdinand (aut), MILESI Charles (fra), Alpine Endurance Team, Alpine A424, #35, Hypercar, action during the 24 Hours of Le Mans 2025, 4th round of the 2025 FIA World Endurance Championship, on June 14, 2025 on the Circuit des 24 Heures du Mans in Le Mans, France - Photo Thomas Fenetre / DPPI 35 CHATIN Paul-Loup (fra), HABSBURG Ferdinand (aut), MILESI Charles (fra), Alpine Endurance Team, Alpine A424, #35, Hypercar, action during the 24 Hours of Le Mans 2025, 4th round of the 2025 FIA World Endurance Championship, on June 14, 2025 on the Circuit des 24 Heures du Mans in Le Mans, France - Photo Thomas Fenetre / DPPI

Alpine Endurance Team : Résistance bleue et leçon d’endurance aux 24 Heures du Mans 2025

Alpine Endurance Team disputait la deuxième participation de son A424 dans la catégorie reine durant les 24 Heures du Mans.

Si la victoire finale s’est jouée au terme d’un duel haletant entre Ferrari et Porsche, la marque tricolore a su faire preuve de résilience pour placer ses deux prototypes dans le top 11.

Une performance certes modeste sur le papier, mais riche d’enseignements techniques et humains. Retour en trois temps sur une course fondatrice.

Partie 1 – Alpine Endurance Team, Un départ prudent et contrarié

Samedi 15 juin à 16h00, Roger Federer abaissait le drapeau. En présence de Luca de Meo (CEO Renault Group), Alpine Endurance Team lançait les A424 n°36 (Frédéric Makowiecki, Jules Gounon, Mick Schumacher) et n°35 (Ferdinand Habsburg, Charles Milesi, Paul-Loup Chatin) depuis les 9e et 12e positions. Prudents dans le trafic, Frédéric Makowiecki et Ferdinand Habsburg bouclaient le premier relais en 12e et 14e place.

Les relais suivants voyaient Jules Gounon et Charles Milesi prendre la suite, mais la n°36 rencontrait un problème de pressurisation du circuit de refroidissement de batterie. Peu après, les deux voitures écopaient de pénalités pour vitesse excessive dans la voie des stands. À la tombée de la nuit, Paul-Loup Chatin et Mick Schumacher s’installaient dans leurs triple relais respectifs, pendant que la n°35 subissait un drive-through après un contact.

Après huit heures de course, Alpine Endurance Team pointait 15e (n°36) et 17e (n°35). Rien n’était perdu, mais la course s’annonçait exigeante.

Ils ont dit

Ferdinand Habsburg

« C’était vraiment spécial de prendre le départ de la course. La voiture se comporte bien depuis le début et nous étions surtout concentrés sur le fait de trouver notre rythme et de prendre du plaisir en piste.

J’ai réussi à faire un triple relais avec les mêmes pneumatiques. Cela s’est très bien passé, donc je suis satisfait de ce début de course dans l’ensemble. »

Jules Gounon

« Nous avons eu un léger souci au niveau de la batterie, mais l’équipe fait un travail exceptionnel pour que tout fonctionne du mieux possible.

Malheureusement, nous sommes un peu loin au classement en raison de notre pénalité pour une entrée un peu trop rapide dans la voie des stands. Cela fait partie de la course, et elle est encore très longue. Il peut se passer beaucoup de choses d’ici l’arrivée. »

Philippe Sinault, Team Principal Alpine Endurance Team

« C’est un début de course qui ne correspond pas vraiment à nos attentes, surtout que la pénalité écopée par chaque voiture nous a mis un peu en retrait. Sans cela, nous serions probablement dans la première partie de tableau. Nous étions donc un peu en décalage au moment d’entrer dans la phase cruciale du changement de composé pneumatique à l’approche de la nuit.

Nous avons également rencontré un souci de pressurisation du circuit de refroidissement de la batterie nous faisant perdre un peu de temps sur la n°36, mais les techniciens font un excellent travail pour le contenir. Il est trop tôt pour tirer des conclusions, mais nous restons dans le rythme du groupe de chasse et la course est encore longue. »

Classement après 8 heures

VoitureDépartH+8
Alpine A424 n°3512e17e
Alpine A424 n°369e15e

Partie 2 – Mi-course : une nuit dense mais sans opportunité

À minuit, Alpine Endurance Team entamait le deuxième tiers. Charles Milesi (n°35) puis Jules Gounon (n°36) enchaînaient les relais avant de passer le volant à Paul-Loup Chatin et Mick Schumacher. Une intervention de la voiture de sécurité bloquait temporairement la n°36 au feu rouge en sortie de stands.

Les deux A424 restaient dans le rythme, sans faits de course majeurs pour redistribuer les cartes. Ferdinand Habsburg et Charles Milesi maintenaient la n°35 dans le match, tandis que Frédéric Makowiecki tenait la cadence jusqu’au petit matin. Après seize heures, la n°36 occupait la 13e position et la n°35 la 15e.

Ils ont dit

Paul-Loup Chatin

« Nous sommes dans une situation un peu compliquée. Nous manquons de performance dans certains domaines clés et nous essayons de trouver des solutions, notamment pour comprendre l’écart avec la voiture sœur. Beaucoup de choses peuvent toutefois arriver dans les huit dernières heures. Il faut donc rester concentrés, car rien n’est encore joué. »

Mick Schumacher
« Nous avons tout fait pour essayer de rattraper le terrain perdu en début de course et la voiture s’est bien comportée tout au long de la nuit. J’espère que nous aurons un brin de réussite pour reprendre notre tour de retard et revenir dans le match, et je crois que nous en avons le potentiel.

Il faut attendre et voir si les choses évoluent en notre faveur. Un grand merci à l’équipe qui a fait de l’excellent travail en restant mobilisée toute la nuit. Maintenant, il faut tout donner pour les dernières heures ! »

Philippe Sinault, Team Principal Alpine Endurance Team

« Nous avons passé la nuit sans encombre et affiché un rythme plutôt correct par rapport à la concurrence, mais les opportunités qui auraient pu nous permettre de remonter ont été extrêmement rares en l’absence d’événements majeurs ou de faits de course. L’objectif est maintenant de saisir la moindre occasion qui se présentera, et ce jusqu’à l’arrivée. »

Classement après 16 heures

VoitureDépartH+8H+16
Alpine A424 n°3512e17e15e
Alpine A424 n°369e15e13e

Partie 3 – Final : au bout de l’effort, l’arrivée en ligne

L’aube s’annonçait délicate pour Alpine Endurance Team. Jules Gounon partait dans le bac à graviers, et la n°36 devait ravitailler sous neutralisation. Malgré cela, les deux trios poursuivaient leurs efforts sans relâche. Les dernières heures, gérées avec précision, permettaient à la n°35 de se hisser à la 10e place. La n°36, revenue à la 11e, défendait sa position jusqu’au drapeau à damier.

Alors que la tension montait en tête entre Ferrari et Porsche, une secousse retentissait en coulisses : l’annonce du départ de Luca de Meo. En pleine épreuve, Renault confirmait le départ imminent de son Directeur Général pour le groupe Kering. Ce départ, révélé alors que Pierre Gasly et Franco Colapinto étaient en piste, ouvre une période d’incertitude pour Alpine. De Meo était le principal artisan du renouveau de la marque depuis 2021, en la repositionnant en Formule 1 et en endurance.

En piste, les faits sont là : après l’échec retentissant de 2024, marqué par une double casse moteur au bout de six heures, Alpine Endurance Team parvient à franchir l’arrivée avec ses deux A424. Le rythme de course n’a pas permis de rivaliser avec les cinq grandes forces du plateau, mais les dixième et onzième places rapportent douze points, et surtout de la continuité dans le programme.

L’écurie officielle du Groupe Renault reste en apprentissage dans cette ère Hypercar.

Elle se situe désormais en sixième position au championnat constructeurs (sur huit), avec quatre manches restantes.

Classement final

PositionVoiture / Équipage
1èreFerrari AF Corse n°83 (Robert Kubica – Robert Shwartzman – Yifei Ye)
2ePorsche Penske n°6 (Kévin Estre – André Lotterer – Laurens Vanthoor)
3eFerrari n°51 (Antonio Giovinazzi – James Calado – Alessandro Pier Guidi)
10eAlpine A424 n°35 (Paul-Loup Chatin – Ferdinand Habsburg – Charles Milesi)
11eAlpine A424 n°36 (Jules Gounon – Frédéric Makowiecki – Mick Schumacher)

Réactions après l’arrivée

Équipage n°35
 

Ferdinand Habsburg
« Le Mans est extrêmement dur et frustrant, et encore plus lorsque l’on sent que l’on n’a pas le rythme pour se battre. Du côté positif, c’est formidable de voir que l’équipe n’a jamais rien lâché. Cela permet de rester mobilisé et de ne pas baisser les bras. Même si nous avons montré des faiblesses et que nous n’avons pas été assez rapides, ce sentiment d’unité est fort. Nous ne formons qu’un et nous nous battons ensemble. Cela motive tout le monde à revenir plus fort et faire mieux l’an prochain. »

Charles Milesi
« C’était une course difficile. De manière générale, nous manquions de performances, mais nous avons aussi perdu du temps sur plusieurs arrêts qui ne se sont pas déroulés comme prévu. Nous devons tout analyser pour comprendre d’où vient notre déficit, y compris par rapport à la voiture sœur. Nous avons des pistes de réflexion, mais nous devons confirmer la source de nos problèmes. Nous avons réussi à aller au bout et à rallier l’arrivée avec les deux équipages. »

Paul-Loup Chatin
« Mes sentiments sont partagés, car il y a une vraie satisfaction d’avoir amené la voiture à l’arrivée, mais aussi une petite déception sur notre niveau de performance. Ce top dix est un bon résultat, mais notre ambition était un cran au-dessus. C’est la réalité du sport automobile : chaque course est différente et l’important est de tirer les bons enseignements de cette édition pour revenir plus forts. Les points positifs sont nombreux. L’équipe, les ingénieurs et les pilotes n’ont pas commis de grosse erreur. Nous en avons fait quelques-unes sur l’exécution, mais elles n’auraient fondamentalement pas changé le scénario. »

 
Équipage n°36

 Frédéric Makowiecki
« C’était une semaine riche en enseignements. Cette course souligne clairement ce qu’il nous manque pour pouvoir viser la victoire. Nous avons parfois montré du rythme, mais il faut apprendre à mieux comprendre, préparer et exploiter l’A424 sur toute la durée de l’épreuve.

Le début a révélé certains sujets qui n’avaient pas forcément été pleinement anticipés. Malgré tout, l’équipe peut être fière d’avoir amené les deux voitures à l’arrivée. C’était l’un de nos objectifs majeurs, c’est chose faite, mais nous mesurons le travail qu’il nous reste à accomplir pour devenir de véritables prétendants au Mans. Nous avons désormais un an pour travailler d’arrache-pied, car ces moments difficiles n’en sont pas si nous savons en tirer les leçons. »

Jules Gounon
« Nous avons malheureusement connu une course compliquée. Nous avons commis de petites erreurs qui nous ont probablement coûté une place dans les huit premiers. Je crois que nous pouvions espérer y être, mais en fin de compte, personne n’a vraiment rendu une copie parfaite.

L’essentiel est d’être allé au bout et c’est magnifique de voir deux Alpine à l’arrivée. C’est le point positif qu’il faudra retenir, mais nous devons également analyser nos faiblesses et en tirer les leçons pour revenir plus forts l’année prochaine. »

Mick Schumacher
« L’objectif principal était clairement de terminer la course et la mission est accomplie. Nous roulons avec beaucoup d’ambition, donc je ne suis pas entièrement satisfait de notre position à l’arrivée. Je m’attache toujours à donner le meilleur de moi-même pour apporter le maximum à l’équipe, et c’est ce que j’ai essayé de faire.

Je pense que l’équipe a fait de l’excellent travail compte tenu de des difficultés et problèmes rencontrés. Je suis content de pouvoir souffler un peu avant de me tourner vers São Paulo, un de mes circuits préférés, avec énormément d’envie et de motivation. »

Philippe Sinault, Team Principal Alpine Endurance Team
« Le bilan est forcément partagé. Il y a une vraie satisfaction d’avoir les deux voitures à l’arrivée et d’avoir bien maîtrisé les aspects liés à la fiabilité, malgré une alerte parfaitement gérée par l’équipe en début d’épreuve. Tenir vingt-quatre heures avec les deux A424 est loin d’être anodin : c’est une étape importante. Cependant, il y a aussi de la déception.

En voyant notre niveau de performance sur la fin de course, nous aurions pu viser un top cinq sans de petites erreurs et les soucis rencontrés. Dans cette nouvelle ère, le moindre détail compte tant les écarts sont infimes. Cette frustration est néanmoins saine. Elle nous motive à revenir plus forts. Toutes les informations collectées étaient indispensables, elles vont nous aider à progresser et à continuer à construire quelque chose de solide.

Notre prochain rendez-vous est au Brésil, dans un contexte très différent. Avant cela, il faudra digérer et analyser les données avec lucidité pour avancer. Nous savons que nous ne sommes pas encore en mesure de jouer la victoire au Mans. C’est un fait, alors à nous de travailler pour le devenir. »

 Nicolas Lapierre, Directeur Sportif Alpine Endurance Team
« Je suis content que nous ayons vu le drapeau à damier avec les deux voitures et qu’elles inscrivent toutes les deux des points, mais je suis un peu déçu que nous n’ayons pas fait la course que nous aurions dû faire.

Notre rythme était perfectible et nous avons commis des erreurs. Nous aurions donc clairement pu faire mieux, d’où une certaine frustration. Cela dit, nous avons beaucoup appris et accumulé énormément d’informations. Il nous faut les analyser et les comprendre, mais elles seront clairement bénéfiques pour la suite de la saison et du programme. »

Bruno Famin, Directeur Alpine Motorsports 

« Nous ne nous étions pas fixé d’objectif quantitatif, mais nous avions un objectif qualitatif fort : continuer à construire ensemble la dynamique amorcée l’année dernière et terminer la course avec les deux voitures. Celui-ci a été atteint malgré des moments difficiles et compliqués. L’équipe a su trouver les ressources pour réagir et se battre jusqu’au bout.

Cela montre également qu’il nous reste beaucoup à comprendre sur la voiture et son fonctionnement. Il y a un vrai travail de fond à poursuivre. Nous venons certes de franchir un nouveau palier, mais il nous reste énormément de travail pour atteindre le niveau que nous nous fixons, à savoir se battre pour les podiums sur chaque course. »

Prochain défi : São Paulo

Les deux A424 se sont classées dixième et onzième à l’issue d’une épreuve dans laquelle elles n’ont pas pu se mêler à la bagarre avec les meilleurs. Les deux Alpine auront connu beaucoup de déboires : difficultés à exploiter pleinement les pneumatiques entraînant un manque d’adhérence, déficit de performance évident face aux références du plateau, problème de batterie sur la n°35 (Paul-Loup Chatin, Ferdinand Habsburg, Charles Milesi), pénalités pour excès de vitesse dans la voie des stands…

Le début d’épreuve, samedi, n’a pas été à la hauteur des attentes. Très vite, alors que Ferrari et Porsche s’installaient en tête, les deux Alpine perdaient le contact avec le peloton de tête.

Le bon niveau de performance entrevu à Spa avec le podium de la n°36 (Mick Schumacher, Frédéric Makowiecki, Jules Gounon) semblait loin dans la Sarthe.

Mais à l’inverse de l’édition 2024, les deux prototypes sont à l’arrivée. C’est un soulagement, et une forme de fierté pour l’écurie officielle du Groupe Renault. Alpine Endurance Team repart de la Sarthe avec des leçons précieuses, un double drapeau à damier, et l’envie intacte de progresser dans cette ère Hypercar ultra-concurrentielle.

Après la fiabilité viendra la performance…

Source : Alpine Endurance Team

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