Une journée de course où l’orage annoncé n’est jamais venu au Grand Prix de Miami
Ce dimanche à Miami, tout était en place pour une course d’anthologie. Une grille remaniée, un ciel menaçant, la promesse de pluie… et une chaleur suffocante. Pourtant, malgré des nuages menaçants et des capteurs d’humidité saturés, les gouttes tant espérées – ou redoutées – ne sont jamais tombées. Ce fut une journée aussi sèche que décevante pour BWT Alpine F1 Team, une de plus dans ce début de saison décidément compliqué.

Départ depuis les stands pour Gasly, crevaison fatale pour Doohan
Les premiers signes d’alerte étaient visibles avant même le départ. Pierre Gasly, voiture #10, a été retiré du parc fermé afin d’effectuer des ajustements de réglage sur son A525. Conséquence directe : un départ depuis la voie des stands, en dernière position. Un choix stratégique dicté par l’incapacité à exploiter pleinement la monoplace sur ce tracé spécifique. « Car #10 has been removed from Parc Ferme following set-up changes and will start from the Pit Lane », confirmait la FIA.
Quant à Jack Doohan, qui avait signé une performance solide en qualifications (P14), son Grand Prix a tourné court. Au premier virage, un contact avec la voiture de Liam Lawson provoque une crevaison immédiate du pneu arrière gauche. Le flanc a été lacéré par les bords agressifs du fond plat de la monoplace adverse. L’incident, rapidement classé comme un fait de course, n’a pas donné lieu à une sanction. Dommages limités sur la voiture, mais abandon inévitable. C’est déjà le quatrième en six courses pour Alpine. Une statistique malheureuse.

Stratégie Alpine : pari sur les durs, mais sans miracle au Grand Prix de Miami
Dans une grille majoritairement lancée en gommes mediums, les deux Alpine avaient fait le choix audacieux de partir en pneus durs. Une stratégie à contre-courant, pensée pour durer et laisser le champ libre à un potentiel Safety Car ou un changement climatique. Avec une température de piste flirtant avec les 50°C, le tour de formation fut mené tambour battant par plusieurs leaders, dans le but d’éviter la surchauffe des gommes.
Pour Gasly, l’objectif était clair : remonter le peloton sans trop user les pneus. Son rythme fut d’abord très en retrait, puis plus consistant à mesure que la piste s’installait. Une belle action est à signaler au 27e tour lorsqu’il dépasse la Haas d’Ollie Bearman pour prendre la P12. Un geste d’attaquant dans un contexte morne.
Mais sans pluie, sans neutralisation prolongée et sans rythme naturel, il était impossible de rêver mieux. Gasly effectuera son seul arrêt au 33e tour, troquant ses durs pour des mediums. Rien n’y fera. Il termine P13, sans jamais avoir pu approcher le top 10.
Pierre Gasly : « Dans l’ensemble, c’était un week-end difficile pour nous. Au moins, nous repartons de Miami avec un point un peu inattendu hier en Sprint. Nous savions que la course d’aujourd’hui serait compliquée après quelques soucis sur la voiture que nous avons essayé de régler. Cela allait un peu mieux, mais nous manquions finalement de rythme. J’aurais aimé qu’il pleuve pour nous donner une chance de nous battre, mais la pluie n’est jamais arrivée. Nous devons analyser nos performances puisque nous étions plus rapides sur les précédentes courses qu’ici, où cela a été compliqué. Il nous reste du travail d’ici la prochaine course à Imola. »
Jack Doohan : « Le week-end s’est terminé difficilement de mon côté du garage. Nous partions au cœur du peloton, ce qui est toujours un défi à l’approche des premiers virages. Nous avons été pris au piège à l’entrée du premier virage et nous nous sommes touchés avec [Liam] Lawson en l’absence d’espace. Les dégâts étaient trop importants pour rentrer au stand en toute sécurité et nous avons finalement dû abandonner. Nous avions pourtant montré des signes prometteurs lors du Sprint, notamment en gérant bien les conditions météorologiques, et je me suis senti à l’aise dans la voiture tout au long du week-end. Nous nous concentrons désormais sur les prochaines courses. Nous avons une semaine pour recharger les batteries et bien préparer le prochain triple rendez-vous qui lancera la saison européenne. »
Grand Prix de Miami, théâtre de tensions… et de rumeurs
En marge de la piste, le paddock s’agitait pour d’autres raisons. Une rumeur insistante a fait surface dans les couloirs du Hard Rock Stadium : Franco Colapinto, pilote de réserve Alpine et talent affirmé en F2, pourrait remplacer Jack Doohan dès la prochaine manche à Imola. Un murmure qui fait mal, d’autant plus que l’Australien n’est nullement responsable de son abandon ce dimanche. Aura-t-il l’occasion de se défendre à nouveau ? Rien n’est moins sûr.
Et pendant que certains s’inquiètent pour l’avenir du V6 F1 produit à Viry-Châtillon, un clin d’œil ironique leur est lancé : Nissan, qui utilise les technologies de Viry en Formule E, a brillé à Monaco ce week-end. Oliver Rowland y a signé la pole position après une victoire la veille. De quoi rappeler que le savoir-faire français, bien que discret en F1 en ce moment, continue d’illuminer d’autres paddocks.
Oliver Oakes, Team Principal : « Nous sommes déçus au moment de quitter Miami, car nous n’étions pas assez performants pour nous battre pour les points. Nous ne repartons toutefois pas les mains vides avec le point inscrit lors du Sprint. Pierre n’était pas satisfait du comportement de la voiture en qualifications. Compte tenu de sa position de départ, nous avons pris la décision d’apporter des changements sur sa monoplace et de partir depuis la voie des stands. La pluie annoncée n’est finalement pas tombée sur le circuit, donc nous avons tenté de remonter en le faisant rentrer durant la deuxième voiture de sécurité virtuelle dans cette course classique sur le sec. Même si nous avons gagné quelques places, cela ne valait que le treizième rang à l’arrivée. La course de Jack s’est malheureusement terminée dès le premier tour après un contact avec Lawson au premier virage. Nous avons maintenant un peu de temps pour déterminer nos axes de progression et revenir avec plus de performances pour la triplette européenne qui commencera à Imola. »
Entre VIP et déconvenues
La journée fut également marquée par la présence massive de célébrités dans les paddocks : le Chef cuisinier britannique Gordon Ramsay, Terry Crews de la série comique Brooklyn 99, acteurs et influenceurs américains par dizaines… Miami reste Miami. Mais, derrière ce vernis de show à l’américaine, les chiffres sont là : Alpine quitte la Floride sans aucun point dimanche, malgré les efforts de Pierre.

Seule consolation : le point acquis en Sprint samedi, preuve que la voiture peut savourer quelque chose dans les bonnes conditions. Et puis, il y a eu cette petite touche d’humour venue des fans pendant la parade des pilotes : Alpine a « remporté » le Grand Prix… LEGO de Miami.

Une suite sous tension à Imola
Il faudra rapidement tourner la page. À Imola, le tracé étroit et technique de l’Emilie-Romagne exigera une voiture équilibrée et agile. Chez Alpine, les attentes seront grandes. Si Colapinto est titularisé, cela marquera un tournant dans la saison. Et, si Doohan conserve son volant, il devra tout donner pour prouver qu’il mérite de rester.
Car après six courses, les chiffres sont sans appel : un abandon sur deux départs, un point grappillé en Sprint, et une voiture en retrait sur la majorité des secteurs chronométrés. Le chantier reste immense.








