Dévoilée dans le documentaire Anatomie d’un come-back sur Amazon Prime, la Renault 5 Turbo 3E réveille le paysage automobile avec sa puissance de 500 chevaux et son hommage à la mythique R5 Turbo.
Initialement présentée en 2022, ce modèle qui va devenir réalité, est à la croisée de l’univers du drift, du rétro-gaming et de la compétition. Un bol d’air frais dans une époque où l’automobile sportive semble trop souvent aseptisée et sans âme.
Pourtant, aussi excitante soit-elle, une question persiste en : pourquoi ce modèle hors norme n’est-il pas développé par et pour Alpine, la division sportive du groupe Renault ?
Alors qu’Alpine est censée incarner la sportivité dans le groupe, cette stratégie met en lumière un paradoxe surprenant.
Une révélation spectaculaire, mais un choix de badge qui interpelle
La Renault 5 Turbo 3E a été dévoilée de manière impromptu par Luca de Meo et Gilles Vidal dans Anatomie d’un come-back, un documentaire qui illustre la transformation de Renault depuis 2020.
Aux côtés du directeur du design Gilles Vidal, Luca de Meo a présenté ce modèle comme un hommage moderne à la Renault 5 Turbo des années 80, icône de sportivité et de succès en rallye.
Cette révélation s’inscrit dans une continuité marquée par un premier show-car du même nom, présenté en 2022 lors des célébrations des 50 ans de la Renault 5.
Ce prototype rafraîchissant, imaginé pour le drift et l’univers pop des années 80, revendiquait déjà des performances intéressantes, avec 380 chevaux et une propulsion 100 % électrique.
Il faut reconnaître à la Renault 5 Turbo 3E un mérite indéniable : celui d’être une exception dans un paysage automobile souvent dominé par des modèles fades, standardisés et dénués de passion. Avec ses 500 chevaux, sa carrosserie en carbone, son immense aileron arrière et ses performances dignes du mythe (0 à 100 km/h en moins de 3 secondes), elle redonne espoir aux amateurs de sensations fortes.
Et la bonne nouvelle est enfin tombée : Luca de Meo a officiellement confirmé que cette voiture sera bel et bien commercialisée. Si la date reste encore inconnue, une chose est sûre, ils vont le faire !
Mais avec cette version de série encore plus extrême, la question se pose : pourquoi un tel projet reste-t-il sous le badge Renault ?
Alpine, qui avait la légitimité historique et technique pour porter cette bombe électrique, semble reléguée au second plan.
Un show-car fondateur, mais pas porté par Alpine
La décision de Renault de conserver la R5 Turbo 3E sous son propre badge, tout en limitant Alpine à des modèles comme l’A290, semble être une erreur stratégique. Certes, la R5 est historiquement associée au badge Renault, avec les succès qui l’accompagnent.
Cependant, Alpine a un besoin impératif de modèles emblématiques et haute performance pour renforcer sa notoriété et affirmer son rôle de marque sportive au sein du groupe. L’Alpine A290, isolée dans son segment, risque de se retrouver confrontée à une concurrence interne directe.
L’A290, bien qu’elle promette des performances intéressantes pour une citadine sportive, reste (trop) proche de la Renault 5 pour incarner l’ambition et l’esprit que mérite Alpine. La R5 Turbo 3E, avec son caractère extrême et son style résolument hors normes, aurait pu devenir l’icône d’une nouvelle ère pour Alpine, à la fois sur la route et en compétition.
Ce modèle posait clairement les bases pour un futur projet de série, mais il laissait aussi entrevoir un potentiel encore plus ambitieux, notamment dans l’univers de la compétition. Alpine, avec son ADN sportif et son héritage légendaire en rallye, aurait été la marque idéale pour s’emparer de ce projet et en faire une machine de course dédiée au WRC ou à la route, marquant ainsi un tournant stratégique.
Pourtant, ce projet a été conservé sous le badge Renault, privant Alpine d’une opportunité de renforcer son image de pionnière et de prouver que son identité sportive peut s’adapter aux exigences modernes.
Souvent mentionnée, l’Alpine A290 pourrait évoluer en fonction de son succès commercial, avec notamment l’arrivée d’une version plus puissante, voire même d’une déclinaison à quatre roues motrices, rendue possible par sa plateforme actuelle. Une version hypothétique GTX (nom à confirmer) développant 360 chevaux, révélée par nos confrères, reste à confirmer. Mais elle n’atteindra pas le niveau de radicalité affichée par la R5 Turbo 3E.
Une stratégie qui éloigne Alpine de son héritage en rallye
Le nouveau règlement WRC 2027 offre un cadre idéal pour intégrer des véhicules de compétition inspirés des modèles de série, tout en rendant la discipline plus accessible.
Avec un plafond de coûts fixé à 345 000 euros par voiture et la possibilité d’utiliser des motorisations thermiques, hybrides ou électriques, la FIA offre des opportunités inédites aux constructeurs désireux de se démarquer sur les spéciales. Alpine, légendaire en rallye grâce à l’A110 des années 70, aurait pu exploiter ce règlement pour effectuer un retour remarqué dans la discipline.
Une version compétitive dérivée de la R5 Turbo 3E, adaptée aux nouvelles règles, pourrait parfaitement répondre à l’ambition exprimée par Luca de Meo de voir Renault évoluer en WRC dans la catégorie reine. Désormais, les conditions sont réunies pour concrétiser cette vision.
Malgré cette opportunité, Alpine n’aura pas cette chance de se positionner dans la catégorie reine du WRC. L’Alpine A110 Rally GT+, restera engagée ce jour dans les compétitions de rallye dans la catégorie 2 roues motrices.
Cette voiture, développée par Signatech, pour des rallyes de niveau régional et international, a connu un véritable succès grâce à son agilité et son excellent comportement dynamique. Elle confirme le savoir-faire d’Alpine en matière de compétition, mais reste dans une catégorie considérée comme l’antichambre du rallye mondial, loin de l’aura des voitures du WRC. Malgré ses performances et ses succès, elle ne suffit pas à combler le vide laissé par l’absence d’Alpine dans la catégorie reine, où se jouent la visibilité et le prestige ultime.
Renault semble vouloir garder le rallye sous son propre badge, comme en témoigne l’évolution de la R5 Turbo 3E, tout en laissant Alpine concentrée sur ses projets routiers sportifs comme l’A290 et l’A390.
Par ailleurs, Dacia se positionne dans le rallye-raid, notamment au Dakar, renforçant la segmentation des marques du groupe Renault.
Conclusion : Alpine mérite de porter l’exception
Ce modèle, aussi exceptionnel dans sa conception que dans son esthétique, aurait pu offrir à Alpine un élan salutaire, tant sur la route que sur les spéciales de rallye, à l’heure où le WRC s’apprête à entrer dans une ère de transition technologique. Avec son design explicite, rappelant les icônes des années 80, et sa motorisation électrique de 500 chevaux, cette voiture avait tout pour devenir une figure de proue d’Alpine. Hélas, cette opportunité reste dans le giron de Renault, privant Alpine d’un modèle charismatique qui aurait pu marquer un tournant dans son histoire.
Il faudra désormais attendre patiemment l’arrivée de la future Alpine A110 électrique, prévue pour 2026, pour voir la marque renouer pleinement avec son potentiel sportif et entamer la véritable construction de sa gamme. Si l’A290 et l’A390 montrent les premières ambitions d’Alpine dans l’électrification et la démocratisation de son offre, c’est la relève de l’A110 et de la future A310, ses modèle emblématique, qui incarneront le mieux la philosophie sportive et la montée en gamme espérée par les passionnés. Ce modèle sera déterminant pour replacer Alpine au cœur des discussions, tant sur le plan technologique que dans l’univers de la performance pure.
Heureusement, Alpine n’a pas déserté la compétition. La Formule 1 (que l’on va fortement nuancer avec l’abandon du V6 Français), l’Endurance, avec le retour attendu en LMDh, ainsi que des disciplines telles que l’Alpine Cup et le GT4, continuent de maintenir les gènes sportifs de la marque. Ces programmes permettent à Alpine de conserver une connexion forte avec le sport automobile et de s’affirmer comme un acteur important.
Mais il est indéniable que l’aura exceptionnelle qu’aurait pu générer une Alpine dérivée de la R5 Turbo 3E reste un regret profond.
Nous lui souhaitons un grand succès, la R5 Turbo 3E mérite son aura. Allez, sans rancune, on t’aime déjà beaucoup chez les Alpinistes.
Source : Renault
Évidemment que cette voiture est développée par Alpine, le choix du badge est certes un peu surprenant mais pas tant lorsqu’on a affaire à la réinterprétation d’une icône. Mais tout comme la clio V6 et les autres modèles d’exception elle sera évidemment développée par la branche sportive de Renault (Renault sport a l’époque et alpine cars maintenant)