Alpine A290. Deux mots qui, en un clin d’œil, suscitent curiosité et une certaine appréhension chez les passionnés d’Alpine. À l’occasion des essais internationaux à Majorque, nous avons testé l’Alpine A290 pendant deux jours, une « révolution » à marche forcée que nous allons tenter de décrypter.
Notre objectif : vous offrir un avis honnête sur cette citadine sportive et déterminer si elle est vraiment digne de son nom prestigieux : Alpine.
Alpine A290 – Premier contact
Au départ du Circuit Mallorca Llucmajor, l’Alpine A290 se lance pour une première boucle d’une heure en direction de l’hôtel Zoëtry, notre point d’arrivée.
Bien installé dans les sièges enveloppants en cuir nappa, on se sent vite à l’aise dans cette Alpine A290. L’assise plutôt haute permet de trouver facilement chaussure à son pied au volant. Dès les premiers tours de roue, après avoir quitté le circuit, le silence s’impose : il faut s’y habituer. Pour meubler ce silence, Alpine a développé pour ce modèle l’Alpine Drive Sound (ADS) – et, fort heureusement, sans collaboration avec Jean-Michel Jarre.
Les commandes R, N et D de la transmission sont de retour , directement intégrés au tunnel central, en hommage à l’A110. Un clin d’œil subtil qui rappelle les origines de la marque, tout en ajoutant une touche de modernité à l’intérieur de cette compacte sportive.
L’interface Google de la nouvelle Alpine A290 se révèle lisible et efficace, avec un menu clair et bien organisé. L’interface de l’écran central de 10,25″ de l’Alpine A290 fonctionne sous Android Automotive OS, avec les services Google.
La surcouche Alpine apporte une touche sportive grâce à des options de télémétrie en direct.
Grâce au live-data, les informations clés de votre A290 sont disponibles en temps réel : forces G latérales, temps au tour, température des freins, gestion de la fonction Overtake, et bien plus encore. Ces données permettent de suivre et d’optimiser chaque session de conduite avec précision, ajoutant une dimension technique à l’expérience Alpine.
Le son est ici assuré par Devialet, du moins pour la mise au point, avec une installation soignée comprenant 9 haut-parleurs au total, un amplificateur dédié de 615 watts, un subwoofer de 20 cm, ainsi que 2 woofers et 2 tweeters. Cette configuration permet une restitution sonore homogène, idéale pour le système ADS et pour les musiques mises à disposition par les équipes Alpine.
Je vous entends déjà penser : une voiture électrique, un son artificiel. Mais ici, Alpine évite la simple imitation de son thermique comme pour les anciennes Renault Sport, pas de F4R à l’horizon. L’ADS synthétise le son du moteur électrique, avec des harmoniques ajustées en fonction de la vitesse et couplées aux actions sur les pédales d’accélérateur, de frein, et à l’ESP.
Le résultat est un son électronique assumé, une sorte de turbine avec quelques nuances rappelant un léger feulement de moteur thermique. Dit comme ça, ça n’est pas engageant, on s’en doute. Mais au volant, l’expérience parle d’elle-même : l’ADS devient un son informatif et agréable à l’oreille. En conduite dynamique, le son monte avec les tours, accompagne les accélérations et s’adoucit au freinage, agissant presque comme une jauge intuitive.
Alpine A290 – Côté Moteur et Conduite
L’Alpine A290 a des dimensions compactes : 3,99 m de longueur, 1,82 m de largeur et 1,51 m de hauteur. Elle est proposée en deux versions :
- A290 180 ch : moteur de 180 chevaux, accélération de 0 à 100 km/h en 7,4 secondes, vitesse maximale de 160 km/h.
- A290 220 ch : moteur de 220 chevaux, accélération de 0 à 100 km/h en 6,4 secondes, vitesse maximale de 170 km/h.
Les deux versions sont équipées d’une batterie lithium-ion NMC de 52 kWh, offrant une autonomie maximale de 380 km en cycle mixte WLTP pour la version 180 ch, et de 364 km pour la version 220 ch. Le poids à vide est de 1 479 kg, plutôt légère… pour une électrique. La recharge sur une borne publique de 11 kW (AC) nécessite 4 h 30 pour passer de 10 % à 100 % de charge, tandis que sur une borne rapide de 100 kW (DC), il faut 30 minutes pour passer de 15 % à 80 %.
Pour notre essai, Alpine nous a proposé la version GTS de 220 ch, laissant la version 180 ch en coulisses — dommage, nous n’aurons donc pas l’occasion de vous en donner nos impressions.
Au volant, l’accélération se révèle franche et vive jusqu’à 100 km/h, puis l’élan s’essouffle légèrement, mais reste tout à fait honorable. La puissance délivrée de l’Alpine A290 s’étire de manière linéaire, sans rupture de rythme (pas de passage de rapports ici) : suffisamment réactive pour se faire plaisir en relances, lors de dépassements et en sortie de virages serrés sur toute ouverte.
L’A290 se révèle bien campée sur ses roues de 19 pouces chaussées de Michelin Pilot Sport 5S en 225/40R19 93V. Alpine a spécifiquement travaillé la gomme pour ce modèle, un choix typé sport et non EV, qui offre un grip latéral exceptionnel, mais nous y reviendrons. Dès les premiers kilomètres, la voiture dévoile ses qualités en matière de confort et de précision.
Avec une suspension ferme mais bien calibrée, elle absorbe les imperfections de la route sans compromettre la stabilité. Le roulis est léger, signe d’une conception soignée et d’une base électrique bien née. Et sur le confort, je dois dire que je suis peut-être hors cadre ici, mais j’ai toujours trouvé l’Alpine A110 R plutôt confortable, alors une Alpine A290, le compromis fermeté/confort est de bon niveau.
Alpine a aussi porté une attention particulière au ressenti des commandes. La direction, ferme, précise et plutôt informative en mode sport, couplée à un volant à la jante épaisse, transmet de bonnes sensations. Les ingénieurs ont également peaufiné la cartographie de l’accélérateur, qui, d’après eux, est calquée sur celle de l’A110. Contrairement à de nombreuses électriques où couple et puissance se déploient brutalement dès la moindre pression, l’Alpine A290 privilégie une montée en puissance progressive et bien maîtrisée, une qualité particulièrement appréciable qui permet de mieux gérer les accélérations et d’éviter l’effet de couple typique des tractions. Lors d’une accélération franche, cet effet reste perceptible, mais sans excès ni mouvements parasites.
Le système de freinage combine régénération et freinage hydraulique, avec une transition imperceptible entre les deux – une prouesse rare pour une hybride ou une électrique, d’autant plus impressionnante ici, car nous sommes sur un système « drive by wire ». Autrement dit, il n’y a aucune liaison mécanique directe entre la pédale et les freins ; tout passe par un contrôle électronique. Ce freinage est assuré par des étriers avant monoblocs Brembo à 4 pistons, identiques à ceux de l’A110, garantissant une puissance de freinage à la hauteur des exigences sportives de l’A290.
La molette de réglage au volant permet d’ajuster les trois modes de régénération, un ajout pratique au quotidien, même si ce réglage devient secondaire sur circuit.
L’A290 est également équipée d’une fonction de recharge bidirectionnelle (V2L), permettant d’alimenter de petits appareils électriques.
Cette première session nous fait alterner entre 20 % d’autoroute et 80 % de routes nationales peu sinueuses, un parcours qui donne une première impression de l’A290, même si son potentiel reste à explorer. En mode sport, avec une conduite dynamique et l’usage de la fonction overtake pour des dépassements, la consommation moyenne est de 22 kWh, une performance presque raisonnable compte tenu de l’utilisation intensive de la pleine puissance.
Le bouton OV (Overtake), placé sur le volant, permet d’activer d’un seul geste la pleine puissance de la voiture, offrant un effet similaire à celui de la pédale d’accélération enfoncée à fond. En appuyant sur ce bouton, une animation apparaît à l’écran, digne de Star Trek : amusante, certes, mais pas franchement utile. En réalité, ce bouton OV n’apporte pas grand-chose en termes de performances ; il s’agit davantage d’un gadget, tentant de reproduire l’esthétique des fonctions d’un volant de F1, mais avec une fonction plutôt dispensable. Cette fonctionnalité donne la pleine puissance pendant environ 10 secondes.
À la fin de cette heure, le ressenti reste teinté de scepticisme. Le parcours, avec ses longues lignes droites et son trafic dense, ne permet pas de pousser la voiture dans ses retranchements. Ce premier contact laisse une impression partagée : le potentiel est là, mais difficile de s’en faire une idée définitive dans ces conditions. Le bilan est certes positif, mais à ce stade, les craintes émises par beaucoup restent bien présentes. L’esprit Alpine semble absent, ou du moins difficile à déceler. Agile et performante, oui, mais elle ne répond pas tout à fait aux critères d’une véritable sportive, du moins à mon goût. Heureusement, le second jour viendra transformer mon avis.
Alpine A290 – Design et Esthétique
Au départ, j’étais assez sceptique. Les premières photos de l’A290 m’avaient laissé perplexe. Son gabarit et sa garde au sol donnent une allure plus massive qu’on ne pourrait l’attendre d’une Alpine. La ligne de caisse surélevée, laissant l’impression d’une citadine à l’ego démesuré, une image bien éloignée de l’A110.
L’Alpine A290 en finition GTS est équipée de jantes de 19 pouces qui remplissent parfaitement les passages de roues et lui donnent une allure sportive et assurée. Petit bémol : la hauteur de caisse n’a pas été ajustée par rapport à celle de la R5, et l’ajout des jantes de 19 pouces lui confère même un centimètre de plus en hauteur. Un détail plutôt cocasse pour une sportive qui porte le nom d’Alpine.
Sa silhouette rappelle inévitablement celle de sa cousine, la Renault 5, mais l’A290 s’en distingue dès le premier regard. À l’avant, elle présente une signature lumineuse inspirée de l’A110 et se distingue par ses quatre phares différents. Le design rappelle l’héritage rallye d’Alpine et fait référence à la légendaire barre transversale « Scotch Tape » appliquée sur les spéciales pour protéger les phares des projections. À la fois fonctionnel et esthétique, ce détail insuffle une véritable personnalité dans le regard de l’A290.
La nouvelle A290 confirme d’emblée son caractère sportif grâce à un accastillage profondément remanié, avec des jantes de 19 pouces au généreux déport et des boucliers spécifiques qui allongent l’auto de 7 cm. Les ailes enflées élargissent l’A290 de 5 cm, tandis que les voies sont augmentées de 6 cm, renforçant sa posture sur la route.
Le motif de la porte arrière, formé dans la carrosserie en hommage à l’iconique R5 Turbo, crée subtilement un sentiment de nostalgie sans tomber dans le rétro pur et dur. À l’arrière, l’A290 arbore une bande juste au-dessus du nom « Alpine », créant un effet de queue de canard qui lui confère un style racé et un brin vintage. Le diffuseur est discret mais donnant une assise visuelle affirmée par rapport à sa cousine au losange. Des barres antiroulis épaissies et un berceau avant spécifique en aluminium accueillent le moteur électrique plus puissant (dérivé de la Renault Mégane E-Tech).
Si nous pouvons vous donner un conseil, optez pour le blanc ou le gris mat : ces teintes lui vont à merveille, bien plus que le bleu avec le temps.
L’A290 se décline d’ailleurs en plusieurs teintes : la Première Édition en Noir Profond, la Beta en Blanc Nival, la Bleue en Bleu Alpine Vision et la Grise en Gris Tornade Mat.
Journée à la Montagne : L’Essence d’Alpine
Arrivé à l’hôtel en fin de journée, les discussions s’animent entre les journalistes. Si la majorité apprécie le design, quelques doutes persistent sur le dynamisme. La voiture tourne les têtes, certes, mais le plaisir de conduite semblait timide après cette première boucle. Je termine la journée sur une note mitigée, espérant que la seconde journée en montagne apportera davantage.
Le lendemain, nous partons avec un modèle blanc, une couleur qui accentue les lignes de la voiture et lui donne un look plus agressif. Nous prenons la direction des montagnes, un terrain de jeu idéal rappelant les routes sinueuses de Corse. Dès les premiers virages, la magie opère. La confiance gagnée la veille me pousse à augmenter le rythme en mode sport.
Sur les routes de montagne, le poids de l’A290 (1 479 kg) s’oublie littéralement. La batterie placée bas dans le châssis améliore sensiblement l’agilité, un atout qui se traduit par une sensation de rotation au niveau des hanches, un ressenti propre aux Alpine. Comparer l’A290 à l’A110 serait toutefois injuste : l’A290 est sécurisante et agile, sans pour autant être joueuse. Elle reste efficace, vire à plat, et la puissance est bien dosée, offrant une marge rassurante pour les amateurs comme pour les initiés. Le grip des pneus Michelin PS5, spécialement développés pour ce modèle, est impressionnant.
Ces pneus sportifs offrent une accroche de haut niveau, bien que le choix d’une gomme non spécifique aux EV ait suscité des débats en interne chez Alpine.
La descente du col confirme une régénération efficace. En mode trois, elle permet de ralentir en fortement tout en économisant les plaquettes, un atout appréciable dans les virages serrés. Avec une consommation moyenne de 16 kWh sur cette session, l’autonomie réelle tourne autour de 280 kilomètres, une performance plus qu’honorable. Cette boucle montagnarde marque un vrai tournant : le plaisir de conduite s’installe, et l’ADN sportif se dévoile.
Le son de l’A290, diffusé via les enceintes Devialet, s’avère surprenamment utile pour la conduite dynamique, fournissant un retour sensoriel que l’on finit par apprécier.
Essai Circuit : un potentiel insoupçonné
L’idée de faire du circuit avec un ratio de 220 ch pour 1 500 kilos peut laisser perplexe, mais les bonnes nouvelles n’arrivent jamais seules… L’A290 révèle en effet un potentiel intéressant sur piste. Le mordant des freins, grâce aux disques Brembo, est d’un très bon niveau, surtout en appui à l’entrée de virage. Concernant l’endurance, il reste difficile de juger après seulement quatre tours.
Le châssis se montre prévenant et légèrement joueur, mais sans excès. Le maintien des sièges, avec un creux plus marqué que sur la R5, permet des réglages ajustés, bienvenus en conduite sportive. Alpine avait initialement hésité à organiser cette session sur circuit, mais l’A290 a prouvé qu’elle était à la hauteur et pouvait pleinement s’exprimer dans cet environnement.
Cependant, son manque de puissance se fait sentir, surtout en sortie de virage lent : avec ses 220 ch, l’A290 peine légèrement à s’extraire avec vivacité, bien que cela ne soit pas rédhibitoire. Pour exploiter pleinement son tempérament joueur, il est essentiel d’adopter une approche technique et bien dosée. Plutôt que de s’appuyer uniquement sur la pédale de frein pour stabiliser l’entrée en courbe, un léger contre-braquage, sans intervention sur le frein, permet de déjouer les réglages électroniques et de libérer une certaine vivacité dans le train arrière.
Ce détail offre aux puristes du frein dégressif et aux amateurs de conduite sportive un terrain d’expression différent, où l’art du volant prend le dessus sur la simple décélération.
En réalité, l’A290 s’épanouit davantage sur des tracés sinueux, où ses qualités d’agilité et de précision peuvent pleinement s’exprimer. Capable de s’aventurer sur circuit, elle trouve néanmoins son terrain de jeu idéal sur les routes sinueuses, bien mieux adaptées à ses atouts, plutôt que dans des sessions intensives de trackdays chaque week-end.
Conclusion
Cette Alpine A290 dépasse nos attentes et ça nous ne voulions pas y croire. Prenons-la pour ce qu’elle est : une citadine électrique sportive, agile et unique en son genre. Oui, elle a quelques défauts : l’autonomie pourrait être améliorée, et le prix peut en refroidir certains. Les tarifs démarrent à 38 700 € pour la version GT de 180 ch, atteignant 46 200 € pour la série limitée Première Édition de 220 ch, mais toutes bénéficient d’un bonus écologique de 4 000 €.
Cette A290 n’a pas vocation à devenir une pure voiture de trackday, mais elle est indéniablement capable de faire bonne figure sur circuit, pour des sessions occasionnelles. Son freinage Brembo mordant et son châssis joueur sont une belle surprise, bien qu’elle soit plus à l’aise sur des tracés sinueux que dans des virages serrés où ses 220 ch peuvent manquer de vivacité pour en sortir rapidement. Elle n’est pas parfaite, mais Alpine signe ici l’une des meilleures compactes sportives électriques du marché, sans concessions majeures.
Produite à Douai, en France, aux côtés de la future Renault 5, l’A290 est attendue en fin d’année 2024, avec la promesse d’une petite sportive électrique qui s’adresse à ceux qui cherchent de nouvelles sensations, loin des GTI thermiques d’antan. Oui, l’ère de la GTI est révolue, mais le sport automobile a encore de beaux jours devant lui.
Il faut s’y faire : Alpine n’a pas le choix. Mais au moins, la marque parvient à réintroduire du plaisir avec la « fée » électrique, et le résultat est plutôt réussi.
Si la philosophie Alpine consiste à garantir du plaisir sur routes sinueuses, quelle que soit la vitesse, alors le pari est réussi.
Well done, Alpine !
Source : Alpine Cars