[Mise à jour 11/05/25 10h] : ajout photos + interview + Show prototype Alpenglow
Sous le soleil de Spa, un parfum de revanche
Ce 10 mai 2025, Spa-Francorchamps a renoué avec ses grandes heures. Le Toboggan des Ardennes, avec ses 7,004 km sinueux et ses virages mythiques comme l’Eau Rouge ou Blanchimont, a une fois de plus été le théâtre d’une bataille épique lors des 6 Heures de Spa 2025. Sous un ciel dégagé et devant un public record de 98 874 spectateurs, la troisième manche du Championnat du Monde d’Endurance FIA (WEC) a tenu toutes ses promesses.
À l’issue d’une course de six heures menée à un rythme effréné, digne d’un sprint, Alpine est montée pour la deuxième fois consécutive sur le podium avec sa A424 n°36. Mais au-delà du résultat brut c’est une troisième place derrière les deux Ferrari et c’est bien la manière qui force le respect. À plusieurs moments, la victoire était à portée de main. À un instant précis, le doublé paraissait même envisageable.
We have no words.
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Une montée en régime confirmée dès les qualifications
Les fondations de cette performance avaient été posées dès la veille. Lors des qualifications, les deux Alpine se hissaient dans le top 10 : la n°36 en sixième position, la n°35 en neuvième. C’était déjà un signal fort, après un podium surprise à Imola. Le rythme affiché sur un tour laissait entrevoir une course solide, mais peu auraient parié sur un tel niveau de compétitivité face à l’armada Ferrari, auteur d’un triplé en première ligne.
Une entame musclée mais efficace
Dès le départ donné à 14h00, Frédéric Makowiecki (n°36) se montre incisif. Le pilote français ne se laisse pas enfermer dans le peloton et gagne rapidement des places, profitant de l’agitation dans le groupe de tête. À la faveur du trafic et d’un dépassement autoritaire au sommet du Raidillon, il s’empare même de la 2e place peu avant la demi-heure de course, mettant directement la pression sur la Ferrari n°50.
Pendant ce temps, la n°35 de Charles Milesi tient sa position au sein du top 10 et s’accroche au bon wagon.
Le moment-clé : Alpine prend les commandes
À 15h39, le relais de Jules Gounon, entré en piste après un pit-stop millimétré, offre à Alpine un moment d’exception. Grâce à une stratégie d’arrêt parfaitement exécutée, la A424 n°36 ressort juste devant la Ferrari n°50. Gounon ne tremble pas et convertit cette sortie des stands en prise de pouvoir, au freinage des Combes. Alpine prend alors la tête de la course. Et pas par défaut : par stratégie, par rythme et par maîtrise.
💙 @JulesGounon takes P1 for @SignatechAlpine!!
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Le rêve d’un doublé semble même prendre forme. La n°35, très solide dans son rythme, flirte avec le top 5, et la gestion de l’énergie côté Alpine semble plus efficace que chez les rivaux.
Une crevaison lente qui fait vaciller l’édifice
Mais à Spa, rien n’est jamais acquis. Aux alentours de 18h43, Mick Schumacher, désormais au volant de la n°36, signale un comportement suspect. Diagnostic : crevaison lente à l’arrière droit. La machine tricolore est contrainte à un arrêt d’urgence non planifié. Elle redescend en 14e position. Un coup dur, qui aurait pu ruiner les ambitions du clan des bleus.
C’est sans compter sur la hargne du pilote allemand. Schumacher entame alors une remontée aussi furieuse que méthodique, doublant tour après tour ses adversaires, même les plus coriaces, à l’image d’une bataille virile avec la Toyota n°7 après une relance sous Full Course Yellow.
Une stratégie audacieuse presque payante
En parallèle, la n°35 poursuit sa course solide et se retrouve dans le top 6. Alpine continue de croire à un coup stratégique : grâce à une gestion d’énergie plus efficiente, un arrêt de moins pourrait suffire à la n°36 pour finir la course. Pendant que Ferrari et Toyota planifient un second passage par les stands, Alpine pourrait, elle, boucler la course d’un seul jet.
Et pendant un long moment, ce scénario semble tenable. Schumacher, revenu dans le top 3, bataille directement avec la Ferrari n°50. À cinq minutes de la fin, l’écart est de moins d’une seconde. Un frisson traverse les stands Alpine. Le podium est là, mais la deuxième place, voire mieux, est à portée.






















































































Un finish irrespirable, Ferrari sauve l’essentiel
Dans les derniers tours, Ferrari joue de l’expérience. Alessandro Pier Guidi gère l’énergie restante de la n°51 à la perfection et s’assure la victoire. Derrière, la n°50 conserve in extremis sa deuxième place face à un Schumacher déchaîné.
La n°36 franchit la ligne en troisième position, à seulement quelques secondes de la tête, après avoir mené près d’une heure. La n°35, contrainte à un ravitaillement imprévu dans les derniers instants, glisse au huitième rang. Frustrant, mais les signes sont là : Alpine est revenue.












Ils ont dit
Équipage n°36
Frédéric Makowiecki
« Je suis vraiment fier de l’équipe. Nous signons un deuxième podium consécutif en étant solides du début à la fin. C’est une prestation plus aboutie qu’à Imola à mes yeux. Cette crevaison lente est regrettable car nous étions dans le match, mais cela fait partie de la course. Au-delà du résultat, je retiens surtout la manière. Nous travaillons bien et nous continuons de progresser. Je me sens aussi de plus en plus confiance avec la voiture. Il y a toujours une phase d’adaptation, mais plus les courses passent, plus je me sens à l’aise et capable d’exploiter son potentiel. »
Jules Gounon
« Il y a énormément de points positifs à retenir de ce week-end et de ce deuxième podium consécutif. Toute l’équipe a très bien travaillé, Fred a fait un double relais exceptionnel en début de course, nous avons exécuté notre plan et nous avons su réagir après la crevaison pour remonter avec Mick. Cela donne beaucoup d’espoir pour la suite, mais nous gardons les pieds sur terre. Le chemin est encore long et l’objectif est clair : continuer de progresser pour arriver bien préparés au Mans. »
Mick Schumacher
« C’était une bonne course dans l’ensemble. Nous étions en lice pour la victoire jusqu’à ce qu’une crevaison lente vienne compromettre nos chances. C’est un peu frustrant de devoir se contenter du podium, mais nous pouvons être satisfaits de notre résultat. Nous sentons une dynamique positive et l’équipe progresse à chaque course. Fred a réalisé une belle entame de course, Jules a pris le relais et s’est emparé de la tête, et c’était une véritable bataille jusqu’à l’arrivée. Nous sommes sur la bonne voie, mais il y a aussi des axes de progression. Maintenant, cap sur l’épreuve la plus importante de l’année. Toute l’équipe est impatiente d’y être et pleinement concentrée sur cet objectif. »
Équipage n°35
Ferdinand Habsburg
« Je suis plutôt satisfait du rythme que nous avons affiché, mais je dois analyser la situation à l’origine de ma pénalité. C’est une bonne chose que cette course ait mis en évidence certains points faibles de notre côté. Cela nous permettra de continuer de progresser en tant qu’équipe. Même si nous n’avons pas encore obtenu les résultats souhaités, cela nous motive avant de nous rendre sur la course qui nous tient le plus à cœur. »
Charles Milesi
« C’est un résultat positif pour l’équipe avant Le Mans, d’autant plus que la voiture sœur a signé un deuxième podium consécutif. De notre côté, la course est devenue plus compliquée avec la pénalité. Il était difficile de suivre les autres voitures et de les dépasser dans le deuxième secteur pour revenir dans le bon train. Ces premiers points nous donnent toutefois confiance, mais nous devrons éviter de reproduire nos erreurs à l’avenir. »
Paul-Loup Chatin
« C’est un beau résultat d’équipe. Ce deuxième podium en deux courses est loin d’être anodin à ce niveau de compétition et je suis très heureux pour la n°36. Ils ont réalisé une course propre et sans erreur, et c’est exactement ce qu’il faut dans un championnat aussi relevé. De notre côté, la performance était au rendez-vous, mais une petite erreur nous coûte cher. Notre travail commence toutefois à porter ses fruits. Nous avons même tenté un pari stratégique en fin de course, mais cela n’est pas passé pour quelques secondes. Nous savons qu’il nous reste du travail, et nous allons continuer de tout donner. »
Philippe Sinault, Team Principal Alpine Endurance Team
« C’est une grande satisfaction de décrocher notre deuxième podium consécutif. Ce résultat est un bon signal envoyé par toute l’équipe et nous avons joué la victoire pour la première fois. Nous avons donc été performants à Imola et Spa, deux circuits très différents. Cela montre que nous commençons à bien comprendre notre package et à bien l’exploiter sur des tracés exigeants. Nous sommes toutefois conscients qu’il reste énormément de points à améliorer et de petits détails à affiner. Notre course a été solide, mais elle n’a pas été parfaite et nous avons encore vu que la moindre erreur peut tout compromettre. L’objectif est désormais de s’appuyer sur nos acquis et de consolider nos bases pour arriver mieux armés au Mans qu’il y a douze mois. »
Nicolas Lapierre, Directeur Sportif Alpine Endurance Team
« C’était une belle course de l’équipe et c’est vraiment satisfaisant de finir à nouveau sur le podium. C’est la première fois que nous avons pu réellement nous battre aux avant-postes du début à la fin, et je suis ravi des progrès accomplis et du rythme que nous avons su maintenir en course. Malheureusement, la n°36 a été freinée par une crevaison lente impactant notre stratégie.De l’autre côté du garage, la course de la n°35 a été compliquée par une pénalité qui les a placés dans une situation difficile. Malgré tout, nous terminons avec nos deux équipages dans le top huit, ce qui reste un résultat solide compte tenu du niveau de la concurrence. Cela confirme notre montée en puissance collective, et c’est de bon augure à l’approche de notre grand objectif de l’année. »
Une équipe à maturité, un projet en ébullition
Cette deuxième place ratée de peu ne ternit pas la performance globale. Alpine a désormais les armes pour jouer aux avant-postes. Rythme de course, stratégie, gestion de l’énergie, qualité des relais : tout y était. Même l’adversité, avec la crevaison et un contact musclé avec une Toyota en fin de course, n’a pas suffi à briser la dynamique.
Philippe Sinault, Team Principal, le résume sobrement : « L’équipe a franchi une étape. Nous étions là, sur le plan technique, opérationnel et mental. Ce podium, c’est une promesse pour la suite. »
Alpenglow en roulage à Spa, l’avenir est là
Sous les projecteurs de Spa-Francorchamps, Alpine a franchi une nouvelle étape vers l’avenir avec les premiers roulages publics d’Alpenglow Hy6. Ce prototype spectaculaire, animé par un moteur V6 3,5 litres thermique alimenté à l’hydrogène et délivrant 740 chevaux, n’a pas manqué de capter l’attention des 98 874 spectateurs présents.
Un record d’affluence hors 24 Heures du Mans. Dans un écrin mythique du sport automobile, Alpenglow Hy6 a brillamment illustré la vision d’une sportivité durable chère à la marque au A fléché. Son design sculptural et sa sonorité singulière, évoquant un futur où émotion rime avec décarbonation, ont fait forte impression. Une démonstration grandeur nature qui fait écho à la future catégorie hydrogène annoncée pour 2028 au Mans, et confirme Alpine comme l’un des acteurs les plus engagés dans l’innovation responsable.
















Vers Le Mans avec de l’ambition
Ce podium arraché dans l’un des théâtres les plus prestigieux du sport automobile sonne comme un avertissement pour la concurrence. À quelques semaines des 24 Heures du Mans, Alpine est à présent perçue comme un sérieux candidat au succès. Et, cette fois, il ne s’agit plus de jouer les outsiders : la victoire est un objectif assumé.