BWT Alpine Formula One Team traverse une nouvelle secousse à la tête de sa direction. Moins d’un an après son arrivée à Enstone, Oliver Oakes quitte son poste de directeur d’équipe avec effet immédiat. Une démission que l’écurie française n’a pas souhaité commenter davantage. Dans l’immédiat, c’est Flavio Briatore, figure controversée mais ô combien influente de la Formule 1, qui prend officiellement les rênes de l’équipe tricolore.
BWT Alpine Formula One Team : changement de cap en coulisses
La valse des dirigeants continue chez Alpine. En six saisons, ce sont pas moins de huit directeurs d’équipe qui se sont succédé sans jamais réussir à instaurer une stabilité durable. La démission d’Oliver Oakes, annoncée mardi soir via un communiqué lapidaire, s’inscrit dans cette logique de turbulence chronique. Nommé à l’été 2024 dans un climat déjà instable, le Britannique n’aura jamais vraiment eu les coudées franches. En toile de fond, une hiérarchie interne dominée par Flavio Briatore, qui n’a jamais cessé d’exercer son influence dans l’ombre.
Avec ce départ, désormais acté, le masque tombe : l’ancien patron de Renault F1 reprend ouvertement les commandes, dans un rôle élargi combinant ses fonctions de conseiller exécutif et de directeur d’équipe. Un retour en pleine lumière pour celui qui, dans les années 1990 et 2000, avait mené Benetton et Renault à la conquête de titres mondiaux avec Michael Schumacher puis Fernando Alonso.
Mais si ce coup de théâtre agite le paddock, il ne surprend guère les observateurs les plus avertis. Depuis son retour en 2024, Briatore était omniprésent dans les décisions-clés, de la stratégie globale aux choix techniques, en passant par le recrutement. Oliver Oakes, malgré son intitulé prestigieux, n’était que l’exécutant d’un pouvoir centralisé autour de Luca de Meo et de son bras droit italien.

Un timing qui interroge
Ce changement brutal survient alors qu’Alpine peine en ce début de saison 2025. Après six Grands Prix, l’écurie pointe à l’avant-dernière place du championnat Constructeurs, avec seulement sept points inscrits. Le dernier week-end à Miami a illustré les limites du projet actuel : week-end anonyme, abandon de Jack Doohan, erreurs stratégiques… Rien ne fonctionne.
La réactivité brutale du management reflète une pression grandissante. Franco Colapinto, pilote de réserve argentin, fraichement titularisé pour remplacer Doohan dès Imola sous l’impulsion de Briatore, connu pour sa main de fer et son goût du spectaculaire, pourrait frapper fort dès sa première décision officielle.
Vers un avenir redéfini autour de Briatore
Ce nouveau remaniement pose une question essentielle : Briatore peut-il durablement incarner l’avenir d’Alpine en F1 ? Officiellement, son ambition reste inchangée : replacer l’écurie sur les podiums rapidement, avant de viser les sommets en 2027 avec la nouvelle réglementation moteur.
Mais au-delà des slogans, Alpine doit d’abord reconstruire une direction technique solide, résoudre ses problèmes aérodynamiques et de mise au point – notamment en qualification – et restaurer la confiance de ses ingénieurs et pilotes. Le chantier est immense. Et si l’histoire glorifiait autrefois Briatore pour ses coups de génie tactiques et son flair, l’époque actuelle exige rigueur, cohérence et stabilité – trois notions encore trop rares à Viry-Châtillon comme à Enstone.
Ils ont dit
Flavio Briatore (via communiqué officiel) :
« J’assume pleinement cette responsabilité supplémentaire. L’objectif reste clair : faire d’Alpine une force régulière en haut de la grille. Nous avons les moyens, les infrastructures et les talents pour y parvenir. »
Paddock insider anonyme :
« Officiellement, Oakes démissionne. En réalité, c’est Briatore qui décide depuis le premier jour. Il voulait cette équipe à lui seul. Maintenant, c’est fait. »
Jack Doohan, à Miami :
« C’est un week-end à oublier. On va se recentrer sur l’essentiel et essayer de rebondir à Imola. »
Les chiffres de la transition : un contexte préoccupant
Depuis 2020, l’écurie Alpine (ex-Renault F1 Team) enchaîne les changements de direction, signe d’un mal structurel profond :
Directeur d’équipe | Période | Remarques |
---|---|---|
Cyril Abiteboul | 2014-2020 | Départ suite à la transformation en Alpine F1 Team |
Davide Brivio | 2021 | Brève aventure depuis la MotoGP |
Marcin Budkowski | 2021-2022 | Limogé en pleine saison |
Laurent Rossi | 2022 | Reclassé par la direction Renault |
Otmar Szafnauer | 2022-2023 | Évincé après résultats décevants |
Bruno Famin | 2023 | Intérim prolongé avant remaniement |
Oliver Oakes | 2024-2025 | Départ après 6 GP |
Flavio Briatore | 2025– | Retour officiel aux commandes |
Conclusion : nouvelle ère ou éternel recommencement ?
Avec le retour de Flavio Briatore à la tête de BWT Alpine Formula One Team, l’histoire semble se répéter. L’homme aux lunettes noires entend incarner une relance ambitieuse, mais il devra surtout prouver que son retour ne signe pas un repli vers les méthodes d’un autre temps. Pour l’écurie française, l’heure n’est plus aux slogans, mais à une reconstruction méthodique. L’enjeu est de taille : redonner un cap clair à une équipe en quête d’identité.
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